Mange, Prie, Aime
Depuis Duplicity et une apparition dans Valentine's Day, Julia Roberts se faisait rare au cinéma, préférant s'occuper de ses jumeaux et prenant le temps de tomber sur le bon scénario, le bon réalisateur, les bons partenaires. Sur ce dernier point, c'est gagné, puisque notre pretty woman est entourée de Javier Bardem et James Franco, pas les derniers des mauvais (ni les moins beaux), malheureusement coincés dans des rôles trop étriqués pour eux. Pour le reste, Mange, Prie, Aime ressemble à un film carte postale où il est question de manger des pizzas en Italie, prier dans un ashram en Inde et aimer un bel inconnu à Bali.
Amis de Voyages sans Frontières et autres Fram, bonjour ! 19,99 € le DVD : pas cher pour un tour du monde express en forme de voyage initiatique à la rencontre des autres et surtout de soi‑même. Car Lizzie Gilbert n'en pouvait plus de sa vie new‑yorkaise, engoncée dans son rôle d'épouse modèle et d'auteur à succès. Un divorce et un ex‑petit ami plus tard, la voilà au pays du chianti et des Vespa, que Ryan Murphy (le papa des séries Nip/Tuck et Glee : mais que lui est‑il arrivé ?) filme comme une pub Barilla (on s'attendrait presque à voir débouler Depardieu dans le cadre, mais non).
Trois petits tours de Palerme et puis s'en va en Inde (on vous passe la grande séquence mélo du film avec père alcoolique en plein repentir). Au programme : lever à 5 heures, séances de méditation (peu cinématographiques) et vie en communauté pour faire local. Arrive enfin Bali, l'Indonésie luxuriante, ses guérisseurs, ses maisons en bambou, ses riches étrangers qui font la fête comme en Californie et son beau gosse du coin qui roule en 4x4, Javier Bardem. Parviendra‑t‑il à dompter le cœur de notre héroïne des temps modernes, repue d'avoir nourri son corps et son âme aux trois coins du monde ?
Adapté du roman à succès éponyme d'Elizabeth Gilbert retraçant son propre parcours, Mange, Prie, Aime (produit par Brad Pitt) est aussi simpliste que son titre le laisse paraître, et ne suffit malheureusement pas à nous élever, nous qui n'avons pas de quoi nous offrir une année sabbatique pour mieux réfléchir. N'ayez crainte, on peut faire la même chose à la maison, nous précise le réalisateur dans les bonus, qui a lui aussi trouvé l'amour après le tournage. Oui, mais il n'aurait pas pu nous tartiner le tout d'autant de clichés à la seconde, et rien que pour le record du monde, c'eût été dommage…