Malveillance
Dans un immeuble guindé de Barcelone, le concierge César (Luis Tosar, le parrain de la drogue dans le Miami Vice de Michael Mann) s’échine à rendre le quotidien des habitants agréable. Néanmoins, derrière cette prévenance excessive, se cache une méchanceté des plus pathologiques. Un jour, il jette son dévolu funeste sur Clara (Marta Etura), une locataire dont la joie de vivre l’exaspère et qu’il compte anéantir par tous les moyens.
Pour ce thriller en huis clos, Jaume Balaguero puise dans les leçons de la machination hitchcockienne et y extrait le meilleur de la perversité humaine. Parce qu’il est le Mal incarné, on n’en saura pas davantage sur les origines et les fêlures de ce vampire malfaisant, tapi sous le lit pour opérer la nuit.
Balaguero l’envisage comme un bloc presque mutique, ayant pour seule attache familiale une mère sur laquelle déverser sa cruauté naturelle. L’espace, en apparence convivial, se change sans cesse en un repaire d’allégories (l’invasion de cafards, l’épiderme squameux, le monstre caché quelque part chez soi) convoquant nos peurs les plus primitives.
Et c’est lorsque le sadisme du héros atteint son zénith que nous nous surprenons à collaborer à ses frasques machiavéliques. En bon voyeur, on s’immisce bientôt entre la proie et son prédateur, et tremble pour qu’il ne se fasse pas repérer. Cette ambiguïté du rapport du spectateur au film mérite à elle seule le détour.