Maestro
Henri (Pio Marmaï), jeune acteur désargenté, est contraint d’accepter de jouer dans un film d’auteur. Passionné par le cinéma d’action et maîtrisant à merveille chaque réplique de Fast and Furious, son immersion dans l’univers auteuriste du cinéaste Cédric Rovère (Michael Lonsdale), certifié old school, provoque un choc des cultures sans précédent.
Fruit d’une collaboration entre la réalisatrice Léa Fazer et l’acteur Jocelyn Quivrin (disparu prématurément en 2009 dans un accident de voiture), Maestro s’inspire de la rencontre bouleversante de celui‑ci avec Éric Rohmer lors du tournage des Amours d’Astrée et de Céladon.
Il faut voir avec quelles drôlerie et maladresse Henri déboule dans ce monde aux antipodes du sien. En effet, ses rêves de strass et de paillettes, continuellement sapés par le budget dérisoire consacré à la réalisation, s’avèrent être une occasion de marquer l’antagonisme entre le cinéma d’auteur et son rival commercial hollywoodien. Henri ressort grandi de cette expérience dans l’Auvergne profonde, en compagnie d’une troupe de comédiens très investie. Mieux encore, il devient sensible à la magie du verbe.
La transmission a réussi, Lonsdale en vieux sage rohmérien est exquis, enfin, les multiples bourdes et manquements du protagoniste rendent l’hommage à la fois tragique et comique. Une réussite.