Madres Paralelas
Janis (Penélope Cruz) et Ana (Milena Smit, une révélation) s’apprêtent à accoucher dans le même hôpital. Malgré sa grossesse accidentelle, Janis, jeune quadra, est enchantée à l’idée d’accueillir un bébé, Ana, victime d’un viol, conçoit différemment la chose. Des liens forts se tissent entre les deux futures mères célibataires mais leur amitié sera bientôt confrontée à un événement aussi violent qu’inattendu…
En première lecture, un film sur la maternité, thème chéri d’Almodovar qui n’aura cessé de nourrir et de questionner sa filmographie. Derrière le désir assumé ou contrarié de procréation affleurent les fantômes de la grande Histoire dont Janis pérennise la mémoire à travers son job de photographe, et dont l’arrière‑grand‑père fut victime de la dictature franquiste.
L’anthropologue Arturo Buendia (Israel Elejalde), chargé des fouilles des disparus (enterrés dans des fosses communes) est aussi le père (démissionnaire) de son enfant. Il permet le lien entre les tiraillements intimes de l’héroïne et le traumatisme exogène de la guerre civile. C'est l’autre thématique puissante (et audacieuse) de Madres Paralelas (superbe affiche au graphisme qui dit tout) jointe à ce portrait de femmes solidaires et farouchement indépendantes.