Mademoiselle
Corée, années 30. Sous l’occupation japonaise, Sookee (Tae‑Ri Kim) est engagée comme servante chez Hideko (Min‑Hee Kim), une richissime Japonaise qui vit recluse dans un gigantesque manoir. En réalité, la jeune domestique n’est autre qu’une pickpocket invétérée, embauchée par un escroc dans le but de s’emparer de la fortune familiale.
Adapté du roman britannique Du bout des doigts de Sarah Waters, Mademoiselle est un thriller sulfureux dans lequel la dissection vénéneuse des rapports humains convoque plusieurs niveaux d’interprétation. En l’occurrence, trois points de vue nourrissent un récit complexe et ponctué de rebondissements, celui qui croit prendre ne jouissant ainsi d’aucune longueur d’avance sur sa prétendue victime. Bientôt, un amour torride viendra enrayer cette machination triangulaire, l'intrigue à tiroirs devient alors à son tour une romance passionnée entre deux femmes, une ode à la sexualité féminine affranchie des pulsions fétichistes (le cas du vieil oncle d’Hideko) ou des intentions vénales d’un comte de pacotille.
Premier film en costumes du formidable Park Chan‑Wook (Old Boy en 2003 et Lady Vengeance en 2005), Mademoiselle n’envoûte pas seulement grâce à son implacable jeu de dupes, l’extraordinaire photographie de Chung Chung‑Hoon (collaborateur de longue date) et les décors chatoyants de la Corée coloniale ressuscitée y sont pour beaucoup.