Mademoiselle
Depuis un certain temps, la sérénité d’un petit village de Corrèze est perturbée par des incidents d’une extrême gravité. Les fermes sont dévastées par des incendies répétés, les terrains inondés, les animaux victimes d’empoisonnements intentionnels.
Des faits qui surviennent au moment précis où débarque un groupe de bûcherons italiens qui, très vite, servent de boucs émissaires. Mais le village, à l’esprit étriqué, est loin de se douter que l’auteur des méfaits n’est autre que la maîtresse d’école (Jeanne Moreau), vieille fille aux deux facettes, aigrie et perverse, qui s’ingénie à détruire l’harmonie du bourg et qui, par un cruel subterfuge, parviendra à faire porter le chapeau aux innocents Italiens.
Voici l’un des films les plus sombres réalisés par le Britannique Tony Richardson (Tom Jones, La solitude du coureur de fond). Mademoiselle plonge dans les méandres de la psychologie féminine et finit par pousser la schizophrénie latente de la jeune femme vers un mal d’ordre biblique, celui du pêché originel logé, bien sûr, à l’intérieur du corps féminin. D’ailleurs, le serpent surgissant dans l’une des séquences du film en est la représentation symbolique. Ici, le désir refoulé d’une jeune femme démoniaque n’a jamais été aussi proche de la pulsion de mort.
Une œuvre poignante, sans aucune note d’optimisme.