Ma vie avec Liberace
Michael Douglas, 69 ans, est reparti du dernier Festival de Cannes bredouille, et pourtant, sa performance géniale de folle kitsch et vieillissante dans le Liberace de Steven Soderbergh (sorte de Dick Rivers version US en couple avec un Matt Damon blondinet méconnaissable, à moins de se souvenir de François Valery), restera comme l’un des moments éclatants du Festival 2013. Présenté par l’intéressé lui‑même ‑Steven Soderbergh‑ comme son dernier film, Ma vie avec Liberace s’intéresse à une figure peu connue Outre‑Atlantique : Liberace, pianiste virtuose et fantasque, artiste extravagant, bête de scène, amoureux de l’excès sous toutes ses formes (vestimentaire surtout) et inventeur du bling dont l’influence se repère aussi bien chez Elton John que Lady Gaga. Un soir de 1977, dans sa loge, il croise la route de Scott, un jeune homme plus jeune issu d’un milieu social différent. Ensemble, ils vont vivre une drôle d’histoire d’amour, à la fois tendre et orageuse, tandis que sur les plateaux de télévision et dans ses interviews, Liberace continue de faire croire à son hétérosexualité et invente une relation amoureuse avec une célèbre patineuse. Adapté de l’autobiographie de Scott Thorson, amant de la star interprété par Mat Damon, Ma vie avec Liberace avance sur le fil du rasoir : au moindre faux pas, à la moindre faute de goût, le film aurait pu basculer dans la vulgarité et le glauque en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Pourtant, Soderbergh, qui signe ici l’un de ses meilleurs films, trouve le ton juste et s’en remet presque intégralement au jeu de ses deux acteurs principaux, étonnants de bout en bout. Cependant, il manque à ce film, comme à la plupart des films de Soderbergh, un feu, une passion, un souffle qui parviendrait à transformer son élégance en puissance. Privé de distributeurs en salles aux États‑Unis, Ma vie avec Liberace n’a connu là‑bas qu’une diffusion télévisuelle (sur la chaîne HBO), mais a réuni plus de 11 millions de téléspectateurs.