Ma meilleure amie
Milly (Toni Collette) et Jess (Drew Barrymore) se connaissent depuis l'enfance, ensemble, elles ont tout partagé, du premier baiser aux premières peines de cœur, les garçons, le lycée, la fac, les bitures, les coups de folie. Alors le jour où Jess s'apprête à accoucher, c'est sa meilleure amie qu'elle souhaiterait avoir à ses côtés, mais Toni souffre du cancer...
Difficile de ne pas être touché par la traversée faite d'espoirs et de rechutes de Milly, femme active brillante et mère de famille comblée que le cancer va bientôt métamorphoser. Pour ralentir la course d'un corps qui change brutalement, ses proches ont choisi l'humour : les blagues autour d'une perruque ne manqueront pas de détendre l'atmosphère et les sacs vomitifs recyclables n'auront jamais été aussi vannés. La santé qui décline ? Un détail si l'esprit de cohésion l'emporte.
Mais le film de Catherine Hardwicke (Twilight chapitre 1) envisage aussi l'autre face de la maladie, la sensation d'un corps étranger suite à l'amputation de ce dernier, les êtres chers malmenés car totalement impuissants, la perte définitive de contrôle. Lorsque Milly embarque Jess dans un taxi pour un périple dans les landes, le film compose, comme dans la vraie vie, avec des variations de lumière. Il y a d'une part cette expédition juvénile et joyeuse qui amène les deux copines vers une région fantasmatique (toutes deux partagent une passion commune pour l'unique roman d'Emily Brontë), d'autre part, cette route de nuit battue par la pluie qui devra, tôt ou tard, restituer ces bouffées d'euphorie à l'espace cloisonné d'un hospice pour cancéreux.
Poignant, d'autant plus que Losing my Religion de REM arrive dans la scène d'escapade comme un couteau dans la plaie.