Ma Loute
La famille Van Peteghem débarque dans la baie de la Slack afin d’y passer l’été. L’heure n’est pourtant pas tout à fait à la détente, puisqu’une mystérieuse affaire de disparitions inquiète tout le patelin.
Dans l’humeur du P’tit Quinquin (mini‑série en quatre épisodes diffusée sur Arte) et précédant au réalisme âpre de La vie de Jésus, Flandres ou L’humanité, Ma Loute associe le burlesque au conte cruel, les postures du cinéma muet égarées sur les plages infinies du Nord de la France.
Ainsi, entre l’incarnation caricaturale (voire dégénérée) de la bourgeoisie (Fabrice Luchini s’en donne à cœur joie) et une enquête confiée à un binôme à la physionomie contraire, l’exubérance comique est garantie. Il n’y a qu’à compter le nombre de chutes des personnages, surtout celles du commissaire Machin (Didier Desprès), version boursouflée de Monsieur Hulot et hommage au cinéma de l’apesanteur de Jacques Tati.
Cependant, Dumont parvient comme toujours à noircir sinon ensanglanter le tableau provincial brinquebalant. Derrière les répliques hilarantes et les situations absurdes, la modeste famille Brufort, cueilleuse de moules, vaque à des occupations officieuses. Chez elle, la chair fraîche des classes privilégiées est un moyen de survie.