-M- : Live à Bercy, les saisons de passage
Qu'est‑ce qui a des plumes sur la tête, qui a l'air d'être tombé du nid, qui saute partout et qui chante à tue‑tête ? ‑M‑ (aka Matthieu Chedid) pardi ! Filmé par Laurent Thessier le 17 décembre dernier à Bercy, le voici qui entre en scène plus fringant que jamais, coiffé d'un masque noir emplumé tout droit sorti du musée du Quai Branly (section Afrique) et flanqué de sa guitare noire et blanche si caractéristique. Un « M » géant distordu (son logo), sorte de « Stargate porte des étoiles » version branchée, sert de passage à l'artiste pour aller et venir sur scène. À ses côtés, son frère Joseph, sa sœur Anna, le batteur et percussionniste fou Cyril Atef et toute sa troupe plus déjantée et remuante que jamais. L'onde du public gronde doucement… l'émotion est palpable. Une citation de sa grand‑mère Andrée écrivain disparue ouvre le concert qui, en plus d'être diffusé en direct à la télévision, est le tout dernier de la tournée « Les saisons de passage » (celle de l’album Mister Mystère).
Après quelques chansons, on se dit que ‑M‑ est non seulement le seul Français à pouvoir livrer un show de cette trempe (sans parler des guests venus interpréter en duo une chanson chacun : Sean Lennon et Johnny Hallyday), mais que cet artiste complet (il écrit, compose, interprète et joue de plusieurs instruments) est un concentré de tout ce qui faisait défaut avant lui à la planète musique hexagonale : un showman extraordinaire et charismatique, un auteur brillant, un musicien dont le talent pur crame les cordes de guitare, un groove d'enfer, un timbre reconnaissable entre mille et une énergie incroyablement positive, raffinée, déchaînée, communicative. Un touche‑à‑tout qui semble laisser la place aux rencontres du cœur (il a collaboré avec Vanessa Paradis, Johnny Hallyday, Arthur H, Sean Lennon et bien sûr son père, Louis Chedid), mais qui compose aussi pour le cinéma (Ne le dis à personne de Guillaume Canet) ou encore le théâtre avec le conte musical Le soldat rose.
Pas une fausse note dans ce concert exceptionnel donc, qui laisse aussi une large place au public (c'est une des marques de fabrique de ‑M‑, privilégiant l'interactivité avec ses fans, quitte à le faire monter sur scène ou à traverser la salle de part en part, seul avec sa guitare !). L'osmose est totale, la salle conquise. Et comme toujours, les solos d'instruments ont leur place pour toujours plus d'énergie et de folie, suivis d'instants d'une poésie infinie (Madame rêve notamment). Bref, ça joue, ça chante et ça danse. La définition même d'un concert réussi.