Luther : soleil déchu
Il fut un temps où découvrir une nouvelle saison de Luther était un plaisir à chaque fois renouvelé, même si la plume des auteurs s’était quelque peu émoussée au cours des deux dernières saisons. Pour son changement de format, la rupture est consommée et il y a quelque chose qui ne fonctionne plus.
Idris Elba semble bien seul
Dans la série, on avait jusqu'ici toujours eu l’impression que le personnage de Luther était sorti d'un comics de Frank Miller combiné au sens du détail d'un Columbo, incarné par un Idris Elba au‑delà du magnétique, carrément hypnotique. Ses aventures étaient d’une noirceur abyssale et ses Némésis au moins aussi passionnantes que lui. Dans son premier film intitulé Soleil déchu, le personnage Luther reste fidèle à celui de la série, mais pour sa nouvelle Némésis en revanche (un milliardaire psychopathe branché nouvelles techno bien décidé à plonger Londres dans le chaos), c’est une tout autre histoire. À commencer par le choix de son interprète Andy Sirkis qui, avec ses improbables perruques plus proches du soufflé au fromage que de l’illusion capillaire, cabotine à outrance. Il est loin le tueur psychopathe inquiétant, du début à la fin, il n’est pas crédible une seule seconde.
Rien ne va à part…
Il est vrai qu’il n’est pas aidé par un scénario totalement improbable auquel on ne comprend pas grand‑chose et qui, tout en pompant la mécanique de la franchise Saw, n’est qu’un prétexte absurde pour créer des moments de tension macabres. Il n’est pas aidé non plus par une réalisation systématiquement à côté de la plaque : c’est‑à‑dire que les rares bonnes idées de scènes sont systématiquement gâchées par le plus mauvais choix de réalisation, de point de vue et de montage. On passera sur les effets spéciaux loupés…
Heureusement, Idris Elba reste digne et magnétique dans ce fatras improbable. C’est bien la seule note positive de ce film Luther.