Lupin : dans l'ombre d'Arsène
Assane Diop (Omar Sy), un escroc professionnel, entreprend sa dernière affaire avant de se ranger. Il s’agit pour lui de subtiliser un coûteux collier mis aux enchères au Louvre. Le bijou, retrouvé après une longue traque, a jadis causé la chute du père d’Assane, accusé à tort de l’avoir dérobé à son propriétaire, l’influent Hubert Pellegrini (Hervé Pierre). Si Assane veut le bijou, c’est d’ailleurs moins pour sa valeur que pour se venger des Pellegrini et réhabiliter son père, qui l’avait initié aux plaisirs de la lecture, particulièrement les aventures d’Arsène Lupin. C’est justement en employant de multiples stratagèmes inspirés par son héros, qu’Assane décide d’opérer. Face à lui, des forces de police impuissantes, à l’exception de l’inspecteur Guedira (Soufiane Guerrab) qui, rapidement, fait le lien entre les méthodes d’Assane et Arsène Lupin.
La nouvelle série Netflix est, si l’on en croit la plateforme de streaming, un énorme carton en France et à l’étranger. Un succès mérité, car cette transposition dépoussiérée du personnage créé par Maurice Leblanc est menée avec allure et efficacité par d’anciens de l’écurie Besson tel Louis Leterrier (Insaisissables, Dark Crystal : le temps de la résistance) et Ludovic Bernard (L’ascension, 10 jours sans maman). À noter aussi à la réalisation ‑petite surprise‑ la cinéaste Marcela Said (Mariana).
Entièrement construit sur Omar Sy, le récit permet au comédien de moderniser le personnage de gentleman cambrioleur et surtout de déployer une ample palette de jeu beaucoup plus riche que ce que la star avait montré ces dernières années (il étonne aussi dans le récent Police d'Anne Fontaine). Si l’on peut regretter que des Rolls telles Nicole Garcia et Clotilde Hesme soient cantonnées aux utilités, on se réjouit par contre de bons seconds rôles, particulièrement Ludivine Sagnier, Soufiane Guerrab, Vincent Garanger et la jeune Ludmilla Makowski.
Malgré son efficace rythme feuilletonnant riche en coups de théâtre et en tours de passe‑passe résolus dans la foulée grâce au « rewind » désormais reconnaissable de Louis Leterrier, son beau casting, sa production luxueuse ‑les séquences au Louvre sont magnifiques hormis l'effet spécial qu'il ne fallait pas louper !‑ et son point de vue social militant qui se fond bien dans le récit, Lupin n’est toutefois pas exempt de défauts. Entre autres, un montage pas toujours inspiré, particulièrement dans l’alternance présent/flashback, quelques lourdeurs franchement évitables (on a droit trois fois au coup du garçon qui ressemble au fils d'Assane sur la plage) ainsi que la caractérisation très appuyée voire outrancière de certains protagonistes, notamment le « méchant » Hubert Pellegrini (Hervé Pierre) ou encore les enquêteurs complètement à l’ouest et risibles menés par le personnage de Vincent Londez.
Malgré ces scories, sans doute imputables à la dimension « très grand public » voulue par Netflix, Lupin demeure un divertissement familial recommandable. Après pas mal de ratés (Marseille) et des réussites plus mineures (Family Business), Netflix tient enfin « sa » série française phare.