Lulu femme nue
Après un entretien d'embauche malheureux, Lulu rate son train de retour et décide, sur un coup de tête, de s'offrir quelques jours « off » loin de son mari cassant et de ses trois enfants pour marcher et réfléchir. Au gré de ses déambulations, elle va faire trois rencontres qui vont changer sa vie.
Dans cette fugue a minima adaptée du roman graphique éponyme d'Étienne Davodeau, Karin Viard est à la fois capitaine et navire. L'actrice, épatante dès les premières secondes, porte sur ses épaules tout le récit. Généreuse, émouvante, sensuelle ou lointaine, Karin Viard émeut et surprend constamment. Elle a bien sûr une complice en la personne de la réalisatrice Solveig Anspach. Car si l'atmosphère pesante et triste des premières minutes peut induire en erreur, le duo a en fait concocté un récit pluriel qui joue constamment entre réalisme social cher au cinéma français indépendant et comédie pétillante nourrie de portraits touchants.
Lulu, non pour se retrouver mais pour se découvrir, au propre comme au figuré, va en effet rencontrer une galerie de personnages étonnants : Charles, Roméo improbable joué avec beaucoup de tact et de retenue par Bouli Lanners. Les frères pots de colle de Charles, incarnés par les hilarants Pascal Demolon et Philippe Rebbot, une « vieille dame indigne » interprétée par la toujours impeccable vétérante Claude Gensac, et une plus troublante et plus grave jeune fille jouée par la jeune Nina Meurisse, criante de vérité.
Le film, dansant constamment sur une petite musique iconoclaste, ne table jamais sur l'emphase ou les grandes envolées lyriques, mais sur un ensemble subtil des petites touches légères qui, peu à peu, esquissent et nourrissent ce beau portrait de femme et cette odyssée intime. Heureux qui, avec Lulu, fera un beau voyage !