Low Down
Dans ses mémoires Low Down : jazz, came et autres contes de la princesse be‑bop, Amy Jo Albany raconte l’itinéraire sinueux de son père, pionnier du be‑bop talentueux mais dévasté par l’alcool et sa dépendance à l’héroïne. Le biopic de Jeff Preiss qu’elle co‑scénarise également raconte ainsi un chemin de croix partagé.
Élevée à moitié par le pianiste (John Hawkes, formidable) aimant mais accro à l’héroïne, Amy Jo (Elle Fanning) est une ado ballotée entre la chambre d’un hôtel miteux de Hollywood et le foyer reposant de sa grand‑mère (Glenn Close). Bien sûr, c’est elle la première grande fan de Joe. Elle assiste à ses prestations jusque dans les bouges sordides et le regarde, impuissante, s’enfoncer dans la spirale de l’addiction. En 1988, le symbole écorché de la Beat Generation, compagnon de Charlie Parker, mourut « le corps ravagé par un demi‑siècle de dépendances et de tristesse».
Sa petite princesse, comme il la surnommait, aura survécu à cette époque de tumultes et d’abandon, sa blondeur ingénue, sa foi en la musique et son père adulé arrivent comme un ultime réflexe de survie face à la toxicomanie qui gangrène le milieu du jazz.
« Souvent, je songeais que mon père était né de la musique, une mélodie entêtée qui prit la forme d’un homme ». Amy Jo écrit à la gloire d'Albany, une légende consumée. Et puisque l’un ne va pas sans l’autre, un musicien autodestructeur mais bourré de talent. Quel film !