Loving
Virginie, 1958. Mildred (Ruth Negga) et Richard (Joel Edgerton) viennent tout juste de se marier mais en 1958, l’union entre un Blanc et une femme de couleur est sévèrement réprimée par la loi. Le couple va entrer dans une lutte éprouvante contre ce système discriminatoire.
Il y a cette séquence d’arrestation insoutenable, accomplie dans l’obscurité, comme pour mieux dénoter la nature déshonorante et clandestine ‑du point de vue de la loi‑ d’une union pourtant légalisée à Washington, suivie d’une détention humiliante, puisque comble de l’iniquité des droits, Mildred (enceinte) ne sera pas libérée aussi facilement que son époux.
Avec l’intensité pudique qui caractérise ses précédents films (Shotgun Stories, Mud), Jeff Nichols relate l’histoire poignante des Loving, couple mixte et victime authentique de la ségrégation raciale dans l’americana blanche des années 50. Interdits de résidence dans l’État de Virginie, ils quittent famille et foyer pour Washington, un déracinement forcé et douloureux qui survient dans le climat contestataire de début 60.
Un timing chanceux pour le coup, car Mildred décide de contacter l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU). Bernard Cohen (Nick Kroll) et Philip Hirschkop (Jon Bass), deux jeunes avocats, vont alors militer pour la reconnaissance de leur mariage. Enfin, après dix ans d’exil, redoublé d’un combat juridique acharné, les Loving rentrent chez eux. Leur nom, qui résonne à la fois comme une ode à l’amour inconditionnel et un défi universel, a marqué l’histoire des États‑Unis : le 12 juin 1967, la Cour suprême supprime l’interdiction des mariages mixtes, l’arrêt « Loving v. Virginia » invalide à jamais « the crime of being married », pour reprendre le titre de l’article publié par la revue Life en 1966.