Lovely Bones
Après Le seigneur des anneaux 1, 2, 3 et son faramineux King Kong, Peter Jackson a voulu souffler, abandonner pour un temps les projets maousses et revenir à cette économie artisanale qui fit le succès de ses premiers films, de Bad Taste à Créatures célestes, auquel Lovely Bones fera immanquablement penser.
Assassinée par un voisin, la jeune Susie Salmon contemple depuis le monde des morts ses parents qui tentent de faire le deuil de sa disparition, les policiers chargés de l’enquête et le meurtrier lui‑même, poursuivant ses basses besognes en toute impunité.
Avec cette fable sensible et originale, Jackson évite tous les écueils attendus, de la veine mélodramatique à la résolution tonitruante, et se concentre sur les songes éveillés (très Seventies et fleur bleue) de son héroïne qui, plutôt que d’organiser depuis les limbes sa propre vengeance, choisit la pente de l’acceptation. Ici, pas de séquence finale cathartique, pas de dénouement où les choses rentrent dans l’ordre, mais le soulagement procuré par ce travail de deuil réussi lorsqu’il permet enfin d’accepter la mort de l’autre.
En ce sens, Lovely Bones évoque certains traits du Zodiac de David Fincher, possède cette même humeur mélancolique où l’enjeu consiste moins à agir contre qu’à accepter sa propre impuissance. Une merveille.