par Laurent Duroche
12 mai 2014 - 10h59

Lovelace

année
2013
Réalisateurs
InterprètesAmanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Sharon Stone, Robert Patrick, Juno Temple
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

En 1972 sort sur les écrans américains Gorge profonde, film X de Gerard Damiano avec la débutante Linda Lovelace. Entre le climat de libération sexuelle des Seventies et la polémique nationale sur l'indécence et la pornographie, le long métrage devient un phénomène de société ainsi qu'un incroyable succès au box‑office, et Linda Lovelace est propulsée au rang d'icône. Mais qui était vraiment cette jeune femme, qui finira par devenir une militante anti‑pornographie et pâtira toute sa vie d'avoir été la star de Gorge profonde ?

C'est à cette question que tentent de répondre Rob Epstein et Jeffrey Friedman, réalisateurs spécialisés dans le documentaire, en décidant de dresser le portrait de l'actrice éphémère à travers la fiction. Mais ils se heurtent rapidement à plusieurs écueils.

Le premier est tout simplement cinématographique. Dénué de vision ou de projet plastique, Lovelace ressemble à un téléfilm des années 90 avec cadrages fonctionnels, reconstitution proprette et musique d'époque. Rien (à part la décision de tourner en pellicule) ne vient apporter un minimum d'ambition visuelle à un projet qui fait forcément pâle figure à côté du Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, situé à la même époque et traitant un sujet relativement similaire.

Mais l'absence de parti pris formel pourrait n'être que secondaire si le scénario transcendait les limites plastiques du projet. Raté : le film ne parvient jamais à donner un minimum de relief au personnage de Linda, la décrivant comme un être innocent en proie à la malveillance d'un mari violent. Un état de fait (le mari en question, Chuck Traynor, a en effet reconnu qu'il trouvait normal de battre sa femme), certes, mais que le long métrage utilise comme une sorte de twist à mi‑parcours, pour nous présenter à nouveau, sous un angle dès lors différent, plusieurs scènes vécues par Linda. Résultat : la première moitié du récit, totalement dénuée de tension dramatique, se déroule dans une apathie ronronnante, tandis que la seconde, propulsée par cette révélation fantoche, devient presque apathique à force de schématisme moral.

Finalement, même la vision du vrai documentaire Inside Deep Throat ne permet pas de réellement cerner la personnalité de Linda Lovelace. Ingénue livrée aux griffes d'hommes dangereux ? Arriviste manipulatrice ? Brave fille pas vraiment consciente des enjeux qu'elle cristallisait ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est que le personnage a été au centre d'une vraie guerre morale et légale entre le gouvernement, les ligues de morale, la pègre et Hollywood, guerre qui s'est déroulée sur plus de dix ans, et que le film d'Epstein et Friedman élude presque complètement. Peut‑être que le projet Inferno, également centré sur la comédienne et auquel fut un temps attachée Lindsay Lohan, lui rendra mieux justice ?

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
14/05/2014
image
BD-50, 93', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
8
10
image
Lovelace ayant été tourné en 16 mm, puis gonflé en 35 (une des seules bonnes décisions plastiques du film), on retrouve un agréable grain de pellicule totalement respecté par le master. Ce qui entraîne, en revanche, une définition forcément amoindrie par rapport aux longs métrages modernes tournés en HD. Les couleurs très Seventies de la photo sont également retranscrites avec fidélité et les contrastes offrent des noirs d'une belle tenue.
5
10
son
Les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 se montrent très fonctionnelles, avec un mixage essentiellement concentré sur la façade avant. Les enceintes surround restent neutres, s'animent parfois lors de musiques extra ou intradiégétiques, mais l'immersion reste très sommaire. La VF est très légèrement moins dynamique, et les dialogues forcément moins naturels.
0
10
bonus
- Aucun
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