Lost saison 6
Flashback. Au moment de son lancement le 23 septembre 2004 sur ABC (25 juin 2005 sur TF1), le succès de Lost est instantané et planétaire. Ses auteurs, Damon Lindelof, Carlton Cuse et J.J. Abrams, ont visé juste. Dès le pilote, la série envoûte des millions de téléspectateurs (maîtrise absolue du scénario, comédiens impeccables, cliffhangers de folie à chaque fin d'épisode…), qui n’ont alors plus qu’une idée en tête : connaître le destin des passagers du vol Oceanic 815 en provenance de Sydney et à destination de Los Angeles, qui n’a jamais atteint les États‑Unis. L’avion s’est crashé sur une île au milieu de nulle part. Une mystérieuse île à la végétation dense et aux reliefs insoupçonnés, pas paradisiaque du tout, voire plutôt hostile et étrange…
Au fil des six saisons, les auteurs de la série ne nous ont rien épargnés. Ni les rebondissements, ni les interrogations. Certains personnages ont évolué, d'autres ont voyagé dans le temps, de nouveaux protagonistes ont même débarqué, faisant de cette île « déserte » un lieu parfois plus fréquenté que la station Châtelet Les Halles une veille de Noël ! D’autres encore, moins chanceux, sont morts, puis tel Lazare sortant de sa grotte, ont ressuscité. Autant dire que pour apprécier Lost dans sa pleine mesure, il faut l'avoir suivie assidûment épisode après épisode, saison après saison.
Aujourd’hui, à la veille du grand dénouement, certains des secrets de l’île ont déjà été dévoilés, comme la façon dont elle se déplace ou voyage dans le temps, ou encore la présence d’ours polaires. Mais d’autres énigmes vont bien sûr être révélées au cours de cette ultime saison, et à un rythme effréné (deux ou trois par épisodes !).
Cerise sur le gâteau, dès le départ, la saison 6 laisse entrevoir son issue, de manière tragique et prophétique. Mais comme toute chose trop attendue, le final est-il à la hauteur ? Beaucoup vont mourir… ou pas. D’autres vont survivre… ou pas. Au fur et à mesure des épisodes, cette volonté de tout dire s’étiole et, comme si les choses n’étaient pas déjà suffisamment compliquées, les auteurs vont même instaurer en plus des flashback (retours sur le passé) et des flashforward (projections de ce qui va se passer dans le futur), les « flashsider » : des séquences montrant ce qui se serait passé pour les protagonistes si le vol 815 ne s’était pas écrasé sur l’île. Un va‑et‑vient qui va se prolonger jusqu’aux tout derniers moments de Lost…
Le final ? Il ne restera pas dans les annales, même si par certains aspects, il peut faire illusion. On est tout de même très loin de l’intensité du final de The Shield ou de l’ambiguïté de celui des Soprano. Juste l’envie de se dire en regardant le générique défiler : « Tout ça pour ça ». Oui, mais en attendant, cette série qui ne ressemble à aucune autre nous aura tenus en haleine six ans durant, et c'est tout à son honneur.