Los Bastardos
À mi-chemin du cinéma de son compatriote Carlos Reygadas (La bataille dans le ciel, Japon) dont Amat Escalante fut l’assistant, et du cinéma froid et didactique de Michael Haneke, Los Bastardos cale son pas sur la dérive de deux immigrés clandestins mexicains qui, à Los Angeles, s’enfoncent en trois temps vers l’irréparable.
Premier temps : attendre en plein cagnard ce Yankee qui voudra bien leur donner un travail au noir. Quelques heures à déblayer un terrain, à creuser une tranchée. Deuxième temps : rentrer chez soi et se faire insulter par une bande de blancs becs racistes et avinés, et ravaler sa colère. Troisième temps : s’introduire dans la maison d’une mère quarantenaire délaissée par un fils indifférent et droguée à la télévision, et inverser le cycle infernal de l’humiliation et de l’asservissement.
En dépit de qualités esthétiques indéniables, Los Bastardos reconduit paresseusement le cliché de la violence comme conséquence d’un état social (on tue parce qu’on est pauvre) et souffre d’une terrible impression de déjà-vu (distanciation constante, longs plans fixes, quasi mutisme des personnages, etc.). Décevant.