Looking for Eric
Issu de la télévision pour laquelle il a tourné de nombreux docu-dramas, Loach ne s’est jamais départi d’un style réaliste, parfois coup de poing, préférant même confier les rôles principaux de ses films à de « vrais gens » plutôt qu’à des acteurs confirmés. Pourtant, ce parti pris a un revers qui explique le scepticisme chronique d’une partie de la critique, persuadée de la sincérité de son auteur, de la légitimité citoyenne de son travail, mais peu convaincue par ses qualités de cinéaste.
En effet, Ken Loach est plus un chroniqueur qu’un cinéaste. Au fond, la question de la forme, du cinéma en tant que tel et des horizons métaphysiques qu’il peut figurer, ne l’intéresse guère. Loach se situe du côté du politique, de l’ici et du maintenant, du diagnostic de nos sociétés contemporaines et, par conséquent, du type d’actions concrètes (un film par exemple) que l’on peut envisager afin de les améliorer.
Après deux longs métrages radicaux et pessimistes (Le vent se lève et It’s a Free World), Ken Loach s’offre avec Looking for Eric une parenthèse légère, une comédie sociale et fantastique filmée à la manière de Capra et de la série des Topper.
Le fantôme bienveillant, c’est Éric Cantona, star du foot adulée par un facteur au bout du rouleau (Steve Evets) qui, un jour, décide de remettre de l’ordre et de la bonne humeur dans le désastre intime et professionnel de son fan.
Un film mineur dans lequel Cantona (à l’origine du projet), gorgé d’autodérision, se moque de lui-même et parodie ses propres aphorismes. Quelques séquences distrayantes (l’attaque de la villa d’un mafieux par une armée de fans masqués), une métaphore très courte (moins dure est la vie si l’on se serre les coudes…) et, pour Loach, espérons, la fin de la récré.