par Cédric Melon
06 décembre 2013 - 11h18

Lone Ranger, naissance d'un héros

VO
The Lone Ranger
année
2013
Réalisateur
InterprètesJohnny Depp, Armie Hammer, Tom Wilkinson, William Fichtner, Ruth Wilson, Helena Bonham Carter
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Compte tenu de sa déroute injuste dans les salles obscures, la sortie Blu‑Ray/DVD de Lone Ranger est une aubaine pour les amateurs de bon western et de grand spectacle, soit l'occasion de découvrir un film qui ne méritait pas du tout cet accueil glacial.

Sur le papier, la reformation du trio gagnant de Pirates de Caraïbes, alias Johnny Depp, le réalisateur Gore Verbinsky et le producteur Jerry Bruckheimer, pouvait laisser supposer une simple déclinaison au Far‑West du concept caribéen précité. Il n’en est rien.

Le scénario est évidemment un hommage au western crépusculaire, à la fin d’une époque et à la naissance d’une nouvelle ère, entre grands espaces vierges, chemin de fer pétaradant et chevauchées fantastiques. Un postulat de départ subversif et risqué pour un blockbuster de ce calibre (250 millions de dollars de budget, soit 50 millions de dollars de plus que Pacific Rim).

On suit ainsi la rencontre entre Tonto (Depp), un vieux guerrier indien énigmatique, et John Reid (Armie Hammer), un ancien défenseur de la loi devenu redoutable justicier. Première bonne impression, le récit ne fait pas l’économie du sort macabre réservé aux Indiens à l'époque. Le discours est clair : l’Amérique s’est bâtie sur la spoliation et le massacre des Indiens, puis l’exploitation des ressortissants chinois pour la construction du chemin de fer. Tout y est. Ce qui n'enlève en rien de l’humour et du parti pris spectaculaire voulu par Verbinski.

Autre bonne surprise : les nombreuses références au genre, de l'immense Little Big Man avec Dustin Hoffman en passant par La prisionnière du désert, L’homme qui tua Liberty Valance, Il était une fois dans l’Ouest de Leone, La horde sauvage ou encore Le mécano de la General, et la liste est loin d’être exhaustive. On est loin de la pop culture des super‑héros du moment. On comprend un peu mieux le flop.

Tant et si bien que le film déborde un peu (beaucoup… 30 minutes en moins auraient permis de se recentrer sur les deux principaux protagonistes). Mais dès que Johnny Depp apparaît (le comédien se détache enfin de ces « Jack Sparrowphilies » agaçantes), le film reprend du souffle, retrouve son humour et monte en puissance. La tambouille référentielle un peu fourre‑tout prend alors tout son sens, magnifiée par la mise en scène époustouflante de Verbinski. Il serait donc bien dommage de passer à côté du nouveau western Lone Ranger.

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The Lone Ranger
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
11/12/2013
image
BD-50, 149', zone B
2.40
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD High Resolution 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Polonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, néerlandais, polonais
8
10
image
Le Far West selon Gore Verbinski est un immense terrain de jeu où le soleil ne crame pas forcément les crânes (les scènes diurnes sont solaires, mais aussi dures, presque froides), où les couleurs pètent, où les noirs tranchent comme la lame la nuit et où les contrastes donnent l'impression de voir le film à travers des Vuarnet polarisées. Le rendu est purement sensationnel sur grand écran, l'utilisation du format 2.40 n'y étant pas pour rien. Maquillages et costumes font volontairement parfois cartoon, la texture est peut‑être un peu lisse (petit manque d'aspérité), mais le rendu en HD est un hymne aux grandes étendues sableuses et aux chevauchées entre les canyons. Esthétiquement trop propre à notre goût, mais techniquement irréprochable. Et cela n'a pas dû être une mince affaire vu les conditions de tournage (tempêtes de sable catastrophiques pour les mécaniques des caméras).
10
10
son
Le compositeur Hans Zimmer a bien sûr intégré tous les grands thèmes des westerns classiques pour inscrire Lone Ranger dans une vraie lignée de genre. Le résultat est enlevé, puissant, voire dévastateur quand il s'agit de mixer le tout avec les très nombreuses scènes d'action du film, qu'il s'agisse des chevauchées fantastiques, des déraillements de trains, des fusillades tous azimuts, des explosions à la nitro ou des pluies de flèches indiennes. La piste anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 fait bien sûr toute la différence sur les enceintes arrière, avec un va‑et‑vient incessant des sons dans la pièce et des pointes de débit à plus de 7 Mbps qui font parler la poudre avec une dynamique colossale. Face à elle, la piste française DTS-HD High Resolution 5.1 et son débit bloqué à 2 Mbps n'a pas le même allant, même si niveau graves, la caisse de résonance est la même. Il serait quand même dommage de se priver du jeu de Depp en VO, mais aussi de l'ampleur et de la précision millimétrée du design sonore, partie intégrante de la mise en scène de Verbinski qui, dès le début du film, n'est pas avare en gros plans sur les montres gousset : le temps tourne !
7
10
bonus
- Scène coupée en animatic (4')
- Bêtisier (4')
- Road trip : visite des lieux de tournage (14')
- Devenir un vrai cow-boy : stage des comédiens (8')
- Le long des rails de Lone Ranger : construction des décors, voies de chemin de fer et des trains façon 1860 (11')
- Bonus caché
Le petit sujet sur le stage des comédiens auprès de vrais cow‑boys montre leur implication dans le maniement du lasso, le tir au pistolet et les cavalcades plus ou moins maîtrisées (Ruth Wilson, la psychopathe de la série Luther, a d'ailleurs demandé au réalisateur de lui offrir une scène de calèche tant elle se sentait à l'aise avec sa nouvelle occupation…), mais ce sont surtout les sections consacrées aux décors et au Sud‑Ouest américain qui fascinent. Le road trip de 14 minutes donne immédiatement envie de prendre un billet d'avion et de partir découvrir ces étendues grandioses du Nouveau‑Mexique en pays Comanche, en Arizona à Monument Valley chez les Navajo (avec passage par le célèbre canyon de Chelly cher à John Wayne), ou encore au Colorado, luxuriant et traversé par d'innombrables rivières (où le comédien Armie Hammer ne s'est pas gêné pour partir à la pêche à la mouche dès potron‑minet). Panoramas taille XXL garantis et sublimes. Le sujet de 11 minutes sur la construction des décors vaut lui aussi un petit stop. Visiblement, le producteur du film, Jerry Bruckheimer, n'a pas lésiné sur les dollars pour coller au plus près de la réalité de l'époque (les années 1860) et sa reconstitution dans les moindres détails, en tout cas en ce qui concerne la construction d'une vraie voie ferrée (les ouvriers, formés aux méthodes d'alors, sont d'ailleurs tous ouvriers figurants sur le film pour plus de réalisme). Même énorme machinerie pour les trains et les locomotives, dont les roues ont carrément été fondues par les équipes techniques de Bruckheimer. Cela donne une petite idées des moyens et talents mis en œuvre sur ce genre de film…
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