Lolo
En vacances à Biarritz, Violette (Julie Delpy), parisienne de 45 ans, fait la connaissance de Jean-René (Dany Boon). Elle a du style, travaille dans la mode et fréquente les soirées branchées, il est informaticien, porte des chaussettes avec ses scandales et déboule dans la capitale, flanqué des clichés du provincial neuneu‑naïf. Rien ne laissait donc présager une idylle entre ces deux‑là, et pourtant…
Ce n’est ni le sempiternel clivage entre la Ville Lumière et la province jugée ringarde, ni la magie des contraires finalement complémentaires qui servent le propos du film. En introduisant Eloi surnommé « Lolo » (Vincent Lacoste, excellent), 20 ans, égocentré et bien décidé à faire capoter l’histoire d’amour de sa mamounette afin de récupérer sa place de petit roi, Julie Delpy innove brillamment dans le genre.
Le fils choyé n’acceptant aucune intrusion masculine se sert précisément du fossé entre son cocon bobo‑mondain et la beaufitude de « JR » (il l’a rebaptisé) pour entreprendre sa stratégie de démolition. Tout est bon pour ridiculiser l’informaticien du sud‑ouest, du relooking vestimentaire aux poils à gratter, sans oublier la drogue dans le champagne et le sabotage d’un entretien professionnel décisif.
Mamounette paie ainsi les conséquences du mythe de l’enfant‑roi, Lolo étant le rejeton narcissique de son exclusive couvée. Les parents font parfois des monstres, avec lesquels ils doivent à tout prix couper le cordon, simple reflexe de survie. Ce que l’on considère comme une comédie familiale empiète légèrement sur le sol accidenté du fantastique. Le couple qui regarde Le village des damnés (Wolf Rilla, 1960) à la télévision ne le sait pas encore, mais Lolo pourrait bien refouler quelques troubles pathologiques, à l’instar de ces enfants aux visages d’ange. Un bon moment.