Listen up Philip
À la sortie de son second roman, Philip Lewis Friedman se sent mal à l’aise et un peu vide. Son idole en littérature, Ike Zimmerman, qui vit d’habitude reclus, demande à le voir. Philip saute sur l’occasion et plante là sa petite amie Ashley.
Un formidable patchwork de tout ce qui irrite dans le cinéma indépendant américain : scènes ultra‑bavardes soulignées par une voix off qui l’est encore plus, image tremblée, effets de zoom gratuits. On oscille constamment entre une profonde exaspération devant cette pseudo‑liberté cinéphile (en fait un ultra‑formalisme) et la fascination pour des personnages tous plus égocentriques les uns que les autres.
Au milieu de ce zoo dont tous les pensionnaires se complaisent à se détruire eux‑mêmes, on discerne un peu de vie, un frémissement dans l’art de la nuance subtile de Jason Schwartzman ou celui de l’émotion d’Elizabeth Moss. On devine ici ou là, au gré de dialogues bien troussés, un reflet de Woody Allen. Mais là où le maître new‑yorkais a la politesse de glisser des pépites d’humour à sa mélancolie, Alex Ross Perry lui préfère le sérieux, l’application, avec la ténacité du bon élève convaincu de raconter quelque chose de dense et d’important. Il est fort probable qu'il se trompe.