Libre et assoupi
Sébastien (Baptiste Lecaplain), 29 ans, a un but bien précis dans la vie : ne rien faire. Fraîchement débarqué à Paris et goûtant aux joies de la colocation, l’oisiveté assumée du pré‑trentenaire s’oppose naturellement à l’énergie débordante d’Anna (Charlotte Lebon) et Bruno (Félix Moati). Tandis que la jeune femme se démène pour faire carrière dans l’édition et Bruno enchaîne les petits boulots, Sébastien daigne faire un petit effort… en activant sa demande de RSA.
Bien qu’affranchi (de force) du joug parental, le protagoniste surdiplômé et parfaitement instruit de Libre et assoupi entretient bien des similitudes avec un certain Tanguy (voire le film éponyme d'Étienne Chatiliez, 2001), la même attitude décomplexée quant au regard des autres, la même attirance pour le confort molletonneux (qu’il soit amical ou familial, l’îlot protecteur de Peter Pan reste convertible) d’un foyer qui ne peut être le sien ad vitam aeternam.
Bien sûr, le manifeste assumé pour la glande du jeune homme ainsi que ses grands principes de contemplation existentielle ‑rêver sa vie plutôt que la vivre‑ ne tardent pas à imploser, non à cause de la pression extérieure (la petite soirée entre anciens de promo prouve son détachement absolu face aux jugements qui fusent), mais grâce à un changement à 180° de cap identitaire. Dommage néanmoins que la destination soit si conventionnelle.