Liberté mon amour !
Fille d’un anarchiste exilé, Libera Anarchia Valente (Claudia Cardinale) ne supporte pas le contexte politique dans lequel elle vit, accompagnée de son mari Matteo (Bruno Cirino), tailleur pour le gouvernement, et de ses deux enfants. Il faut dire qu’en Italie, au milieu des années 30, le fascisme triomphe et les droits de l’homme sont réprimés.
Contrainte de changer constamment de ville à cause des positions virulentes de Libera, la famille vit sur le fil du rasoir, jusqu'au jour où Libera décide de radicaliser ses convictions et s’engage comme résistante lors des heures les plus noires de l’opposition. Néanmoins, à l’issue du combat, Libera réalise que le fantôme du fascisme persiste encore.
Film somptueux à travers lequel Mauro Bolognini affiche délibérément son pessimisme politique, Liberté mon amour ! est aussi un hymne à la révolution et à la liberté. Le cinéaste choisit une architecture froide et linéaire conforme au régime totalitaire de l’époque, puis les images d’archives, hantées par le Duce, se fondent avec le chemin de résistance tracé par Libera (au passage, l’interprétation de Cardinale est magistrale), comme si le destin de l’héroïne était inexorablement lié à celui de son pays.
La petite histoire meurtrie, révoltée, confrontée à la grande, puis finalement déçue par elle. Lorsque, après tant de sacrifices, Libera apprend qu’un ancien fasciste occupe une fonction dans l’administration d’après‑guerre, la désillusion pulvérise à jamais les idéaux de démocratie. Un chef‑d’œuvre.