Leur morale et la nôtre
Muriel (Victoria Abril) et André (André Dussollier), des retraités très unis, sont motivés par les mêmes buts existentiels : économiser, stocker, épargner, jusqu’à la collecte de bons de réduction. Le tout transite dans leur supérette souterraine, une sorte de caverne d’Ali Baba remplie de produits divers.
Un jour, ils décident de refourguer une paëlla en conserve à leur vieille voisine, Madame Lamour (Françoise Bertin), sans se douter que celle-ci sera victime d’une intoxication alimentaire… Pire encore, l’héritage tant convoité de la vieille dame leur échappe au profit de Boualem Malik (Samir Guesmi). Or, Malik est d’origine maghrébine, ce qui déclenche la fureur du couple. Car, non contents d’être des pingres notoires, Muriel et André sont aussi des racistes patentés.
Satire au vitriol sur les idées reçues, pamphlet gentillet contre le manque d’ouverture et l’esprit étriqué des petites bourgades, le film de Florence Quentin démontre combien un périmètre délimité peut devenir anxiogène et propice aux commérages. Néanmoins, l’avarice, la cupidité ou l’ignorance sont traitées sur un mode humoristique, comme les « monstres » de la comédie italienne : pathétiques, drôles, cocasses, touchants, ignobles et finalement humains.
Une réussite indéniable, soutenue par l’interprétation impeccable du duo Abril/Dussollier. À voir sans modération.