par Laurence Mijoin
26 novembre 2010 - 14h11

Les yeux sans visage

année
1960
Réalisateur
InterprètesPierre Brasseur, Alida Valli, Juliette Mayniel, Edith Scob, François Guérin, Alexandre Rignault
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Responsable de l’accident de voiture qui défigura sa fille Christiane (Edith Scob), le docteur Génessier (Pierre Brasseur) vit avec le poids de la culpabilité. Habile chirurgien, il décide de lui offrir un nouveau visage en greffant celui de jeunes filles qu’il kidnappe avec l’aide de sa fidèle assistante (Alida Valli, décédée en 2006)…

Documentariste accompli, Georges Franju surprend en 1960 avec son deuxième long métrage, un film fantastique aux atours gothiques qui bouleversera le cinéma de genre. Suivant un savant fou osant les opérations les plus folles, ici par amour pour sa fille, Les yeux sans visage marquera au fer rouge la mémoire collective et influencera bon nombre de cinéastes : John Woo avec Volte/face, Jess Franco avec L’horrible docteur Orloff et Les prédateurs de la nuit, et même George A. Romero avec Bruiser (qui reprit la figure du masque blanc que porte Christiane pour dissimuler son visage mutilé).

Via la photographie tout en ombres et lumières du chef‑opérateur Eugen Schüfftan, qui n’est pas sans rappeler l’expressionnisme allemand, Franju donnera naissance à une œuvre dont la poésie vient du macabre, et le macabre du réel. Malgré la censure interdisant notamment les effets gore, le metteur en scène parviendra à soulever le cœur des spectateurs avec une séquence montrant frontalement l’incision au scalpel du visage d’une victime. Un film révolutionnaire et audacieux pour son temps, mais qui a toutefois moins bien vieilli que d’autres films noirs de cette époque, notamment La nuit du chasseur (1955), éblouissant par sa dimension onirique et son rythme enlevé.

Le rythme, c’est bien l’élément le plus exigeant des Yeux sans visage, puisque, selon ses prédispositions, le spectateur se laissera, ou pas, envoûter par des scènes descriptives au tempo lancinant. Ce qui est sûr, c'est que Franju, cinéaste intransigeant, l'a voulu comme tel et qu'il faut l'accepter pour pénétrer pleinement ce cauchemar doté de visions inoubliables.

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- de 16 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
02/11/2010
image
BD-50, 88', zone B
1.66
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
10
10
image
Gaumont Vidéo livre aux cinéphiles une copie à la hauteur de la qualité de son contenu. L'œuvre impérissable de Franju, ici proposée dans son format d'origine (1.66), est épurée de toute scorie. Quant à la photographie d'Eugen Schüfftan, elle est sublimée, les noirs se révélant profonds, les blancs immaculés et les nuances de gris se mêlant sans heurt les unes aux autres, stables et sans souci de compression. Cette finesse n'empêche pas de ressentir parfaitement les textures (le masque d'Edith Scob, comme la seconde peau d'un fantôme), bien présentes notamment grâce à un léger grain cinéma qui sied à merveille au final du film, romantique, sombre et fantasmagorique. Gothique à souhait.
8
10
son
Seule piste proposée, la VF DTS‑HD Master Audio 2.0 (même piste mono reprise à droite et à gauche), très convaincante, s'avère totalement dénuée de souffle et de parasites sonores, et propose un mixage harmonieux entre les dialogues, les bruits d'ambiance et la musique de Maurice Jarre. Du beau travail, même si certains dialogues demeurent parfois étouffés.
5
10
bonus
- Documentaire Les fleurs maladives de Georges Franju (46')
Ce doc rassemble des intervenants de qualité, dont l'actrice Edith Scob (Christiane dans Les yeux sans visage), Jean‑Pierre Mocky, Robert Hossein, le regretté Claude Chabrol, le metteur en scène Bernard Queysanne, l'acteur et réalisateur Jacques Champreux (petit‑fils de Louis Feuillade), le critique de cinéma Freddy Buache et Kate Ince, auteur d'un livre sur Georges Franju. Chacun, artiste ou proche, apporte un commentaire éclairé sur la personnalité trouble du cinéaste, personnage au bord de la folie, angoissé par la vie, qui trouvait refuge dans les salles de cinéma et dans le monde de l'image, mais aussi réalisateur minutieux qui élaborait avec un soin maniaque ses scénarios, incapable de poursuivre sa création sans tube de colle ! Une analyse qui permet de comprendre un peu mieux la personnalité et l'art de Franju, qui débuta sa carrière en tant que documentariste. Dommage que l'image de ce documentaire soit parfois surexposée et le cadre hasardeux.
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