Les yeux de Julia
Julia (Belén Rueda) souffre d’une maladie rare, laquelle lui fait perdre progressivement la vue. Elle apprend subitement la mort de sa sœur jumelle Sara, atteinte de symptômes dégénératifs similaires. D’après l’enquête policière, Sara se serait suicidée par pendaison, mais sa sœur, sceptique, reste convaincue qu’il s’agit d’un meurtre. Elle décide alors de mener sa propre enquête. Celle‑ci la conduira dans une spirale étrange et inquiétante, faite de disparitions et de plusieurs meurtres. Handicapée par la fragilité de sa vue, Julia court à son tour un grand danger.
Dans Les yeux de Julia, le réalisateur Guillem Morales orchestre un jeu à la fois malin et délicat sur la question du point de vue, évoluant selon les capacités visuelles de l’héroïne. La trame narrative avance ainsi en fonction du regard qu’elle porte sur autrui, menace changeante et dissimulée sous les attentions étranges d’un mari ou d’un aide‑soignant (trop) prévenant. Les formes et les silhouettes que parvient à peine à saisir Julia, au fur et à mesure que sa vue baisse, contribuent à l’atmosphère dérangeante qui la rivent finalement au noir complet.
Quelques faiblesses néanmoins persistent du point de vue du rebondissement final. Dommage, car le monde ressenti par une aveugle en devenir avait quelque chose d’étrange et d’insaisissable, avant que le scénario ne s’empêtre dans les clichés du genre, comme le rapport traumatique d’un fils à sa mère. Psychose, quand tu nous tiens.