Les voyages de Gulliver
Lemuel Gulliver (Jack Black) est responsable du service courrier dans un groupe de presse. Un poste pépère, une bonne planque qui lui permet de jouer à Guitar Hero pendant les heures creuses, et qu’il n’a jamais vraiment pensé quitter. Il faut dire que la belle rédactrice du service voyages (Amanda Peet) ne le laisse pas indifférent. Mais voilà que se présente une occasion en or pour se rapprocher d’elle et la séduire : lui présenter un article bien écrit (en réalité un copier‑coller d'Internet) et accepter un reportage dans le Triangle des Bermudes. Une zone réputée à risque, et pour cause… Lemuel Gulliver, pris dans une violente tempête, échoue sur l’île de Lilliput…
Cette adaptation du roman éponyme de Jonathan Swift (1721) à la sauce postmoderniste ne fait que rendre gloire au « grand » Jack Black, cabotinant ici dans l’un de ses numéros de geek traîne‑savates. On l’adorait pourtant chez Michel Gondry (Soyez sympa, rembobinez) ou Ben Stiller (Disjoncté, Tonnerre sous les tropiques). Mais ici, même s'il semble s’en donner à cœur joie, à l'image de toute la troupe de comédiens (bien que l’on se demande ce que la craquante Emily Blunt et le génial Jason Segel de How I Met Your Mother sont venus faire dans cette galère), on finit par être las de ses gesticulations, comme un interminable ego trip. Le comédien est de tous les plans, écœure par sa présence et risque bien de se mettre à dos une bonne partie de son fidèle public.
Quid du film d’aventures et de la critique de la société chère à Swift ? Rien. Ni les plus jeunes ni les adultes n'y trouveront leur compte. Et l’humour bas du front ‑ou sous le caleçon, c’est selon‑ finit de nous achever. À moins que ce ne soit l’orgie de références à la société de consommation et du divertissement de masse. Attention, il ne faut pas se méprendre : nous aussi, on aime Star Wars, les écrans tactiles et le Coca‑Cola. Mais était‑ce bien utile de reléguer le géant héros au rang de simple consommateur de base, personnage très ordinaire confronté à une situation extraordinaire ? Si c’est pour vendre à certaines marques du temps de cerveau disponible, c’est réussi.