Les visiteurs du soir
Au Moyen‑âge, Gilles (Alain Cuny) et Dominique (Arletty), un couple de ménestrels, est envoyé par le Diable afin de semer le trouble au château du baron Hugues (Fernand Ledoux). Bientôt, le mariage de sa fille Anne (Marie Déa) se retrouve compromis : celle‑ci tombe éperdument amoureuse de Gilles, tandis que Renaud (Marcel Herrand), son futur époux, se laisse séduire par Dominique. Lorsque le Diable (Jules Berry) apprend que Gilles est sur le point de faillir à sa mission, il s’invite alors dans le domaine seigneurial, bien décidé à répandre le chaos.
Joyau du cinéma fantastique français, né de la collaboration entre Marcel Carné et Jacques Prévert (au scénario), Les visiteurs du soir réalisé sous l’Occupation allemande fait un bond en arrière de plusieurs siècles pour finalement n’évoquer qu’elle. Une stratégie extrêmement subtile, qui contourne la censure de l’époque et dénonce, en filigrane, les conséquences désastreuses de l’appropriation forcée.
Le Diable personnifié, lequel ne cesse de vanter son intemporalité, s’érigerait alors en dictateur nazi, avec ses postures grotesques et son sens du cynisme aigu. Le sceau du réalisme poétique initié par le cinéaste refaçonne les intérieurs d’albâtre du château et les apparitions nébuleuses du Mal. Les dialogues parfois un peu trop théâtraux ne sont, toutefois, jamais dépourvus d’humour. À redécouvrir.