Les sorcières de Zugarramurdi
En plein Madrid, des braqueurs et un gamin dérobent un sac de 25 000 alliances en or. En s'enfuyant, José, père divorcé accompagné de son fils Sergio, et leur complice Tony, ancien serveur du bar « Le Sperme », détournent un taxi. Ils exigent du chauffeur, Manuel, de les emmener en France. Mais leur route va leur faire traverser le village de Zugarramurdi, haut lieu de sorcellerie…
Comme souvent avec Alex de la Iglesia (Le jour de la Bête, Mes chers voisins), le meilleur côtoie le pire. Le meilleur ici est indiscutablement une scène de braquage rocambolesque menée avec une maestria quasi hollywoodienne. Le meilleur encore avec des trouvailles visuelles très drôles et des dialogues absurdo‑décalés distillés comme du nectar par d'excellents acteurs (Hugo Silva, Carmen Maura…). Le récit mixe d'ailleurs judicieusement horreur cartoon, caméra folle à la Evil Dead et action horrifique façon Une nuit en enfer… mais avec des sorcières.
Le problème est que le cinéaste espagnol reste aussi fidèle à sa vieille lanterne : le scénario trop vite écrit. Une fois le film bien posé, une fois l'ambiance plantée, le réalisateur se retrouve avec une tripotée de personnages dont il ne sait plus que faire. Du coup, escalade dans l'outrance, scènes trop longues, feu nourri de clins d'œil ciné et épilogue qui ne dit pas grand‑chose.
À n'avoir pas assez écrit en amont, de la Iglesia est contraint de déployer une énergie folle ‑certes souvent amusante mais aussi très vaine‑ pour masquer les trous de son histoire. La chose est d'autant plus frustrante qu'on aperçoit, en filigrane, un film plus ambitieux, sorte de guerre des sexes complètement déjantée qui aurait pu être irrésistible.