par Cédric Melon
04 janvier 2013 - 12h52

Les revenants

année
2012
Créateur
InterprètesAnne Consigny, Jenna Thiam, Ana Girardot, Frédéric Pierrot, Clotilde Hesme, Swann Nambotin
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

La série Les revenants est un véritable ovni cathodique dans le paysage actuel de la fiction française en général, et celle produite par Canal+ en particulier.

Très souvent, les auteurs de fictions françaises se contentent d’imiter les séries américaines avec systématiquement moins de moyens, moins d’ambition et un savoir‑faire en berne. Le résultat, c'est Riss, pâle imitation des Experts. Ou Braquo, sorte de The Shield franchouillard.

Avec Les revenants et ses morts qui reviennent à la vie dans une petite ville de France, on pense là encore à des séries US à succès comme Walking Dead ou les 4400. À ceci près que le très malin Fabrice Gobert, auteur et réalisateur des Revenants, prend d'emblée l'exact contre‑pied (on lui doit aussi sur un thème pas si éloigné ‑celui du suicide, de la disparition, du questionnement et de l'acceptation‑ le film Simon Werner a disparu…).

Plutôt que de tout miser sur des moyens délirants (qu’il n’a pas de toute façon par rapport aux productions américaines), un rythme d’enfer, des effets spéciaux et des scènes dédiées au spectaculaire, il inscrit son récit dans l’intime, voire la France profonde. Opérant selon une progression scénaristique lente et envoûtante (à l'image de sa BO signée du groupe écossais de musique progressive Mogwai), il fait le pari de personnages énigmatiques faisant lentement glisser le spectateur dans le fantastique. Un certain Stephen King ne s'y prend pas autrement dans ses romans.

Alors que le scénario présente parfois quelques incohérences, que l’on aimerait justement un peu plus de nerf sur certaines scènes clés, et malgré des comédiens pas tous égaux, la série fonctionne toujours à plein régime, explorant à chaque nouvel épisode l'incursion de l'irréel dans le monde réel. Autre grande force de la série : faire naître suffisamment de frustration pour se précipiter sur l’épisode suivant, et ce jusqu’au dernier qui, pour le coup, désarçonne complètement. Après un drôle de final épique (où rien n'est montré, seulement suggéré), on se dit que Gobert nous fait le coup d'une fin à la Lost. Tout ça pour ça ?

Mais à mieux y regarder, le dernier épisode de la série est tout simplement l’expression d’une plus grande frustration. Celle de devoir attendre 2014 et la saison 2 pour avoir de nouvelles réponses aux questions restées en suspens. Comme pour X‑Files ou Twin Peaks, dont Les revenants s’inspire avec pertinence, la vérité est ailleurs, et l'on fait le pari que Fabrice Gobert est un sacré magicien du fantastique. Il se pourrait même, qu’à la fin de la série, il mette tout le monde d’accord. Patience donc.

Pour le moment, Les revenants est une belle entrée en matière. Mais toutes les cartes ne sont pas encore sur la table pour déclarer que le pari est gagné. Après le Flop (les amateurs de poker comprendront…), il y a toujours la Rivière où tout coule de source !

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test
dvd
cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
20/12/2012
image
3 DVD-9, 8 x 52', zone 2
1.78
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
sous-titres
Aucun
7
10
image
Le relief et la profondeur d'image du Blu-Ray auraient sans doute bien collé à l'univers feutré et claustrophobique des Revenants. Car si l'action prend place en pleine montagne, on reste encaissé dans une vallée, entre petits pavillons sans charme, quelques appartements grisous, un commissariat et le Lake Pub, haut et unique lieu de rencontres de cette ville sans âme (enfin façon de parler…). Ambiance de station de ski en fin de saison donc, avec couleurs désaturées, absence totale de teintes vives et longs plans contemplatifs. La définition tient toutefois bon la rampe. Techniquement sans reproche, ou presque. Mais pas plus novateur que cela.
7
10
son
On peste contre l'apparition du logo de l'éditeur, accompagné d'un niveau sonore légèrement exagéré. Et le mot est faible. Bref, passons. Et louons la pertinence de la bande originale signée Mogwai, parfaitement calibrée pour le récit et véritable personnage à part entière. Un vrai plus pour cette série qui cultive l'ascèse par ailleurs, ne bénéficiant que de très peu d'instants « climax » au niveau de l'action pure. Une épure sonore qui participe toutefois grandement à cette atmosphère tendue et mystérieuse, presque mystique. Les amateurs d'effets Surround devront par contre tendre l'oreille. Dans ces conditions, la stéréo fait elle aussi parfaitement le job.
0
10
bonus
- Aucun
On ne comprend pas trop cette absence de compléments autour de cette série lancée en grande pompe par Canal+. L'éditeur, qui aura sans doute plus de temps à disposition pour la saison 2, devrait se rattraper à cette occasion.
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