Les mains en l'air
2067, quelque part en France. Milana se souvient de son enfance, il y a soixante ans…
2009, à Paris, dans une école du XVIIIe arrondissement. Après l’expulsion du jeune Youssef, les enfants ont peur pour leurs camarades. Menacée elle aussi, la jeune Milana, d’origine tchétchène, est alors hébergée chez la mère de ses copains Blaise et Alice (Valeria Bruni‑Tedeschi). Il faut dire que Blaise est secrètement amoureux de la jolie brunette…
Connu pour son militantisme et son engagement politique, le cinéaste Romain Goupil s’attaque, avec Les mains en l’air, au problème de l’expulsion des sans‑papiers manu militari, en inscrivant son sujet dans le contexte des écoles des quartiers populaires parisiens.
Hélas, au lieu d’éveiller les consciences, le film se fourvoie avec son personnage principal, pasionaria incarnée par Valeria Bruni‑Tedeschi, grande enfant naïve et entêtée qui agit certes contre l’injustice, mais ne cherche jamais le dialogue. Le metteur en scène, qui s’est octroyé le rôle ingrat du mari, cadre volontairement son propre personnage à la limite du hors champ, faisant de cet époux un homme détestable, car trop nuancé par rapport à sa femme.
C’est pourtant elle qui, irritante, coupe court à toute tentative de communication. À l’image du film lui‑même. Car jamais Goupil n’ose le débat, tue dans l’œuf toute tentative de discussion, de mise à plat du sujet. La condition des sans‑papiers n’est finalement pas le thème central du film, mais plutôt les atermoiements d’adultes paumés face à un groupe d’enfants exaltés par la rébellion, la camaraderie, l’entraide et la fraternité. Quant à l’amourette entre Blaise et Milana, elle n’est finalement que la cinquième roue du carrosse, ne suscitant aucune émotion. Sans conséquence.
Surtout, Les mains en l’air n’évite pas les clichés ‑il faut voir comment sont dépeints tous les policiers sans exception, ici véritables tortionnaires d’enfants‑. Alors certes, on comprend les intentions de l’auteur/réalisateur, qui lorgne plus vers le conte tendance Guerre des boutons que le pamphlet politique. Mais cela ne saurait faire pardonner les excès manichéens de l’ensemble, plombé par de lourdes métaphores (les crabes ébouillantés vivants lors des vacances en Bretagne de la joyeuse troupe, le rat errant dans la cave comme une âme en peine).
Une tentative d’impertinence vis‑à‑vis du pouvoir en place (renforcée par la présence de la belle‑sœur du président de la République au générique), mais qui n’élève pas le débat, se contentant de rester accessible à toutes les tranches d’âge.