Les lois de l'attraction
Il fut, au moment de l’arrivée de Quentin Tarantino au début des années 1990, l’un des symboles, avec d’autres (Robert Rodriguez), d’une nouvelle génération de cinéastes pétris de culture cinéphilique, amoureux du cinéma de série B, du grindhouse et de l’esprit drive‑in.
Avec Les lois de l’attraction, Roger Avary laisse tomber une partie des tics de ses premiers films (The Doom Generation, Killing Zoe) et adapte l’un des premiers romans de Bret Easton Ellis, l’auteur du cultissime American Psycho. Mais si Avary, coscénariste de Pulp Fiction, s’est assagi dans la forme (on est loin de la déflagration baroque que fut Killing Zoe, film de casse foutraque et halluciné), dans le fond, c'est l'opposé.
Loin des campus movies transformant tout, individus et situations, en gigantesque réservoir de vannes stupides, Avary plonge dans une fête du Camden College : là, tout le monde boit, fume, délire et la caméra d’Avary va, les uns après les autres, isoler différents personnages et plonger dans leur passé. Du séducteur arrogant Sean Bateman à l’homosexuel Paul Denton en passant par la sublime (mais encore réservée Lynn), c’est le portrait trash et profond d’une jeunesse perdue, attirée par les lois de l’attraction (sexuelle) mais dont le désir de débauche dissimule un certain état de l’Amérique contemporaine.
Un film virtuose (dont se souviendra Fincher pour son Social Network) et dérangeant.