par Jean-Baptiste Thoret
20 avril 2011 - 11h57

Les indestructibles

VO
The Incredibles
année
2004
Réalisateur
InterprètesBruno Salomone, Amanda Lear, Lorie (voix françaises)
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Seul dans l'enclos grisâtre qui lui sert maintenant de bureau, le musculeux Bob Parr se souvient de l’époque glorieuse des super‑héros. Une période faste dont il était l'égérie, sous le modeste sobriquet de Mr Indestructible, jusqu'à ce qu'un décret le déclare, lui et ses collègues, hors‑la‑loi. Dommages collatéraux obligent, l'État jugea exorbitants les coûts des dégâts occasionnés par leurs missions tonitruantes. C'était l'Amérique de la confiance, de l'arrogance même (en chacun sommeille un super‑héros), en bref, l'Amérique d'avant le 11 septembre 2001.

Depuis, Bob mène une petite vie tranquille typique de la middle‑class (maisonnée en banlieue, pelouse tondue au millimètre, stade le dimanche) et tente de réprimer les super‑pulsions de sa femme, ex‑Elastigirl, et de ses trois rejetons, tous doués de dons hors normes. Mais un super‑méchant terroriste vivant dans un QG super‑design sur une île volcanique, gonflé aux hormones « jamesbondesques » et nourri à La guerre des mondes, décide bientôt d'instaurer la terreur afin de récolter plus tard les bénéfices du rétablissement de l'Ordre. Incrediboy, c'est son nom, sans doute une version hirsute et gueularde de Bush… C'est alors que la super‑famille jette aux orties le pacifisme ambiant (type Le géant de fer, le précédent film de Brad Bird en 1999) et part à la reconquête de l'Amérique.

Production Pixar, Les indestructibles constitue d'abord une « incroyable » réussite visuelle, qui emprunte autant à l'univers gadgetisé des Thunderbirds qu'à l'esthétique minimaliste des Fifties (véritable âge d'or de l'Amérique). Ensuite, ce film post-11 septembre (deux des trois enfants du couple Indestructible sont nés après, et ont intégré le principe du profil bas : « Cache tes super‑pouvoirs ! », dit le père), renouvelle la litanie sur la différence que les studios Pixar nous servaient depuis Toy Story.

Car en Amérique, nous dit le film, il y a deux types de super‑pouvoirs : ceux mal acquis qui trahissent les idéaux de Jefferson (comprendre ceux exercés sous l'administration Bush), et ceux consubstantiels à l'Amérique, fondés sur la liberté et l'individualisme (l'État traité comme un monstre bureaucratique et impuissant). La question est alors lâchée : comment réconcilier l'Amérique avec elle‑même (Bob encourage son super‑fils à toujours occuper la seconde place lors de ses courses d’athlétisme) ?

Autrement dit, comment réaffirmer sans la dévoyer la puissance ontologique de la Nation ? Une réussite totale dotée d'une dernière demi-heure éblouissante.

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The Incredibles
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
13/04/2011
image
BD-50, 115', toutes zones
2.40
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-ES Matrix 6.1
Anglais DTS-HD Master Audio Matrix 6.1
Hollandais DTS-ES Matrix 6.1
Flamand Dolby Digital EX 5.1
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, néerlandais
10
10
image
Prodigieuse ! On oublie complètement que l'on visionne un dessin animé… Les personnages sont magnifiques, la palette colorimétrique d'une richesse éblouissante, la définition merveilleuse, les contrastes époustouflants, les lumières étourdissantes, bref, les mots nous manquent pour décrire le spectacle visuel que nous propose ce Blu-Ray. Le délicieux look rétro‑futuriste du film conserve sa texture unique, tout en fournissant encore plus de détails, de lumière, de brillance et de profondeur que le DVD. De la bombe !
10
10
son
La bande-son, elle aussi, est superbe. À chaque scène d'action, tous les canaux entrent en action et offrent un feu d'artifice acoustique à la fois subtil et percutant. Et quand il le faut, tout devient beaucoup plus doux, chaleureux et rond comme une bulle. La musique de Michael Giacchino est d'ailleurs agréablement distribuée, les effets pyrotechniques chatouillent régulièrement les surrounds de droite à gauche et d'avant en arrière, et le subwoofer parvient divinement se faire entendre, sans jamais trop en faire. Quant aux effets EX, ils permettent aux passages d'engins et aux séquences de baston de gagner en précision et en impact. Extra, surtout en VO, la piste la plus fun de ce Blu-Ray, et à la dimension largement supérieure à celle de ses consœurs.
10
10
bonus
- Commentaires audio du réalisateur et du producteur
- Commentaires audio de treize animateurs
- Court métrage Saute-mouton en HD commenté par Bud Luckey (5')
- Dessin animé en HD intitulé Baby-Sitting Jack-Jack, avec deux des personnages du film (5')
- Baby-Sitting Jack-Jack disséqué par l'équipe du film en HD (5')
- Table ronde de l'équipe technique et artistique, tournée spécialement pour ce Blu-Ray en HD (22')
- Anniversaire de Gary : running gag potache (1')
- Making of du générique de fin (1')
- Test audio et vidéo de votre installation
- Bande-annonce
Pour cette sortie HD, l'éditeur a opté pour une interactivité recentrée autour des têtes pensantes et créatives du film. Moins promo et plus didactique que lors de la sortie DVD, chaque module est un plaisir, riche de détails et d'anecdotes. La parole est notamment laissée aux animateurs dans un commentaire audio particulièrement réjouissant, où treize d'entre eux reviennent sur leur travail, les difficultés rencontrées (les cheveux, les décors, etc.) et le design du film. Les deux courts métrages proposés sont adorables, drôles et commentés. De vraies petites leçons de cinéma d'animation (il y a d'ailleurs une baby‑sitter dans le monde qui peut se targuer d'avoir inspiré un film…). Quant à la table ronde où l'équipe se souvient de ses débuts difficiles pour convaincre Disney, c'est un vrai bonheur. Une très bonne initiative et un exercice qui a l'air de beaucoup plaire à Brad Bird, le réalisateur. Notons enfin un module hilarant intitulé « Anniversaire de Gary ». Un running gag au sein de l'équipe visant à évacuer la pression en fêtant régulièrement l'anniversaire d'un membre invisible de l'équipe, un dénommé Gary. À la fin de la production du film, le Gary en question fêtait ses 72 ans…
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