Les inconnus dans la ville
Réalisé en 1955, Les inconnus dans la ville (Violent Saturday en version originale) est l’un des meilleurs films du prolifique Richard Fleischer (20 000 lieues sous les mers, Les Vikings, Soleil vert, L'étrangleur de Boston) et l’un des grands films des années 1950.
Tourné dans un Cinémascope somptueux et en Technicolor, ce film semble épouser deux lignes de scénario qui, dans le dernier tiers du film, vont se rejoindre. Le film débute par la description d’une petite ville américaine minière, Brandeville, et de ses habitants : une vieille bibliothécaire qui vole de l’argent afin d’éponger ses dettes, un père de famille (Victor Mature) complexé de ne pas avoir ramené de la guerre de Corée la moindre médaille, un patron de presse flanqué d’une femme adultérine, un directeur de banque voyeur ou encore le patriarche d’une famille d’Amish au mode de vie féodal, soit l’Amérique des Fifties regardée sous l’angle de la pathologie.
Dans le même temps, débarquent trois malfrats qui ont planifié le casse de la banque. Comme le dit très justement Nicolas Saada dans l’un des bonus de ce Blu-Ray, Les inconnus dans la ville, c’est l’intrusion de Samuel Fuller dans un film de Vincente Minelli, ou l’inverse.
L’originalité des Inconnus dans la ville, hormis sa mise en scène (subtile et efficace) et sa façon de caractériser d’un trait les différents personnages (Lee Marvin écrasant la main d’un gamin), réside dans le mélange constant des registres : à la fois mélodrame et film policier, le récit brouille tous les repères. Fleischer humanise les gangsters tandis qu’il traque, sous le vernis chatoyant de cette petite ville américaine conviviale, les maux de ses habitants. Un must.