Les hommes libres
Qui sont ces hommes libres ? Ces 100 000 Algériens de Paris, des pauvres, des ouvriers, qui ont traversé l’Occupation et que l’Histoire a oubliés. « L’idée était avant tout de recréer un univers qui avait existé et que personne ne connaissait », explique le réalisateur marocain Ismaël Ferroukhi.
Déjà auteur du documentaire Le grand voyage, Ferroukhi a voulu cette fois utiliser la fiction afin de rendre compte d’une réalité historique précise : nous sommes en 1942 et on entre dans le récit avec Younes (Tahar Rahim, Un prophète) qui pénètre dans un bâtiment en ruines et découvre, dans la cour, un groupe de vieillards algériens, affamés et en guenilles. En échange de nourriture, ils revendent leurs dernières cigarettes, une boîte de sardines, un vieil instrument, des objets sans valeur. Younes, lui, vit du marché noir afin de nourrir sa famille restée en Algérie. Mais un jour, il se fait arrêter et se retrouve contraint de collaborer avec la police de Vichy : en échange de sa liberté, il devra espionner la communauté maghrébine de la mosquée de Paris, et son grand recteur (Michael Lonsdale).
Aidé de Benjamin Stora, historien spécialiste de l’Algérie coloniale, Ferroukhi livre un script qui rend compte à merveille de la complexité d’une situation et d’un fragment de l’histoire de France méconnue. Un film passionnant doté d'un petit budget.