Les herbes folles
Avec le couple Sabine Azéma/André Dussollier, Alain Resnais se retrouve à 87 ans en terrain familier. Adaptant un roman de Christian Gailly (L’incident), le réalisateur de On connaît la chanson nous dévoile son programme dès le plan d’ouverture du film : un travelling sur du béton, le long d’une fissure d’où sortent des herbes folles et chaotiques. Ces herbes folles qui poussent au milieu d’un univers gris et formaté (le béton), ce sont les pulsions soudaines qui vont désorganiser la vie de personnages plutôt rangés.
À gauche, Marguerite Muir (Azéma), dentiste de son État et pilote amateur, se fait voler son sac à main. À droite, Georges Palet (Dussollier), père modèle résidant dans un pavillon de banlieue propret, récupère par hasard dans un parking le portefeuille de Marguerite. Il se rend à la police, prévient Madame Muir, l’appelle, la harcèle et finit par la rencontrer.
D’une liberté formelle totale, Les herbes folles ressemble à une fable farfelue sur la versatilité des sentiments et les jeux du hasard. Resnais multiplie les séquences insolites voire loufoques et s’amuse visiblement beaucoup. Mais le spectateur un peu moins.
Les herbes folles brode sur tous les motifs de Resnais, en territoire confortable et sympathique, mais évoque parfois une version bourgeoise d’un film de Jeunet. Décevant.