Les Guetteurs
Le jour où sa voiture tombe en panne, Mina se retrouve perdue dans une forêt inconnue et découvre un abri bunkerisé occupé par trois habitants. Ils lui expliquent qu’ils sont prisonniers du Poulailler et qu’ils doivent se laisser observer le soir venu par un mystérieux groupe appelé « les Guetteurs ».
Fille à papa
Afin de décider toute confusion : Les Guetteurs n’est pas la suite du Guetteur (2011) de Michele Placido, mais bien la première réalisation d’Ishana Night Shyamalan, fille du réalisateur de Sixième sens, M. Night Shyamalan. Visiblement, la réalisatrice partage les obsessions de son géniteur, mais malheureusement pas son talent de conteur. Talent qui semble d’ailleurs s’essouffler un peu avec le temps au regard de ses derniers films (Trap et Old).
Si assurément, Les Guetteurs est un film malin (les chiens ne font pas de chats), on s’ennuie très vite une fois le concept posé. D’autant plus que ledit concept, tout droit sorti d’un épisode de la Quatrième dimension (L'abri S03 E03), est éculé depuis des lustres : la menace extérieure est‑elle si réelle ? Alexandre Aja vient d’ailleurs d’en donner une interprétation nettement plus efficace avec Mother Land, dans un autre genre.
Let’s twist again
Bien sûr, le twist final (du moins celui du troisième acte) que nous ne révèlerons pas ici, assez folklorique (irlandais, même), serait à la limite sympathique s’il ne se devinait pas si facilement et surtout s’il ne tombait pas dans le grand n’importe quoi.
Un twist final, par définition, c’est final et non la porte à un autre film. C’est bien là que le bât blesse : la construction narrative des Guetteurs est très approximative, au point qu’entre l’introduction pathos, le huis clos dans le bunker (dans lequel au passage personne ne soulève jamais les tapis), et le final féerique, on a l’impression d’assister à trois films bien différents.
Même pas peur
Si on n’est manifestement pas en présence d’un chef‑d'œuvre, on peut néanmoins se demander si le contrat est respecté : a‑t‑on les chocottes, sursaute‑t‑on sur notre siège ? La réponse est encore une fois négative. Si indubitablement Ishana Night Shyamalan sait diriger ses acteurs (Dakota Fanning en tête) et choisir de beaux cadrages, elle souffre d’un gros problème de mise en scène (bancale) et de scénario trop peu subtile et peu original.
La réalisatrice a du mal à installer la tension nécessaire et cherche trop à être explicative, au point que l’on s’ennuie ferme devant son film qui devrait au minimum nous faire frissonner. Du moins, à en croire l’affiche et la bande‑annonce. Pour un coup d’essai, c’est loin d’être un coup de maître. En fait si, les chats peuvent donc faire des chiens…