Les grandes manœuvres
Séducteur impénitent, le lieutenant Armand de la Verne (Gérard Philipe) fait le pari de conquérir l’élégante Marie‑Louise Rivière (Michèle Morgan) avant le départ de la garnison pour les grandes manœuvres. Néanmoins, sa nouvelle cible ne ressemble en rien à toutes les donzelles de son tableau de chasse.
Un an après avoir interprété Julien Sorel (Le Rouge et le Noir) dans l’adaptation de Claude Autant‑Lara, Gérard Philipe, alors jeune premier du cinéma français issu du théâtre, donne la réplique à la prodigieuse Michèle Morgan. La révélation amoureuse qui surprend notre Dom Juan en uniforme donnera lieu à un jeu du chat et de la souris suffisamment cruel pour que ces amants‑là n’aient aucune chance face à la mesquinerie provinciale. Car en plus d’être courtisée par un soupirant falot et conformiste (Jean Desailly), Marie‑Louise, jeune divorcée fraîchement débarquée de la capitale, se heurte aux mentalités étriquées de la gent féminine. Le marivaudage alimenté de situations cocasses (un service à thé vole en éclats tandis que les prétendants frappent à pas d’heure) s’achemine cependant vers une tragique déconvenue.
Tourné dans les studios de Boulogne‑Billancourt, ce grand classique de René Clair est une merveille pour la rétine, le mérite aux décors sublimés par la photographie de Robert Lefebvre ainsi que la parade flamboyante des costumes d’époque. Brigitte Bardot en pétillante nymphette participe au ravissement.