Les gardiens de la galaxie
Peter Quill, gamin enlevé sur Terre dans les années 80 par un vaisseau alien, est devenu un hors‑la‑loi pilleur de ruines. Un jour, il réussit à voler un étrange globe dont il croit tirer un bon prix. La chose est en fait une arme terrifiante que convoite un fanatique, Ronan l’Accusateur, pour assoir son pouvoir. Quill est arrêté et incarcéré dans une prison sinistre en compagnie d’un étrange quatuor criminel qui va devenir son équipe : Rocket, un raton laveur bricoleur, Groot, sorte d’homme‑arbre, Drax le psychopathe musclé et Gamora, une tueuse envoyée par Ronan pour récupérer le globe.
Imaginez le projet des Gardiens de la galaxie : mettre en scène un groupe de héros dont, franchement, peu de monde avait entendu parler. Des personnages prisonniers d’un univers de SF un peu ringard (genre space‑opera), le tout mené par le gentil Chris Pratt, un acteur solide mais aussi charismatique qu’un fer à souder. Désastre inévitable ? Au contraire, car Marvel a eu cette idée insensée, mais au final géniale, de confier les clés de la boutique au réalisateur/scénariste James Gunn.
Et ce Diable de Gunn va tout dynamiter avec un combo gagnant mixant fantaisie, humour et une double lecture permanente. Il s’attaque d’abord à ses personnages, en créant une galerie de portraits tous plus barrés les uns que les autres. Quill, l'aventurier grande gueule, devient ici un gamin immature écoutant à longueur de journée des tubes des années 80 et rêvant que quelqu’un l’appelle un jour « Star Lord », le surnom débile qu’il s’est trouvé. Son interprète, Chris Pratt, jubile si manifestement à l’incarner qu’il décroche ici, avec les honneurs, un futur statut de star. L’homme‑arbre, Groot, se mue lui en une sorte de brute monosyllabique à la fois drôle, effrayante mais aussi infiniment attendrissante. Drax, caricature de brute épaisse, devient un psychopathe si obnubilé par ses idées de vengeances abracadabrantesques qu’il en devient hilarant. Et tous les autres personnages subissent une métamorphose à l’avenant.
Ajoutez à cela un méchant plutôt réussi en la personne de Ronan l’Accusateur, de vrais morceaux de bravoure visuels, des dialogues ironiques savoureux, un constant décalage entre l’univers SF et la musique 80's, sans parler d’une vraie maestria dans les scènes d’action (évasion de la prison, poursuite spatiale, grand final). Bref, Les gardiens de la galaxie, parti pour être un comble de kitch et de ridicule, devient une aventure passionnante qui donne une nouvelle texture au genre de la SF monopolisé par Star Wars.
Tout n’est pas d’or : quelques stars coûteuses sont venues badiner inutilement (Glenn Close et sa coiffure choucroute, Benicio Del Toro et sa tignasse peroxydée), les personnages féminins sont par ailleurs clairement beaucoup plus faibles. Malgré ces défauts, et en dépit d’occasionnelles sautes de rythme, on est forcé de reconnaître que Les gardiens de la galaxie est une réussite quasi totale et, sans doute aussi, le meilleur film estampillé Marvel sorti depuis longtemps.