Les garçons de la bande
Avant French Connection et L’exorciste, les deux films qui ont fait de lui l’un des wonderboys du Nouvel Hollywood, William Friedkin tournait déjà des films, mais des films plus chics, d’auteur, influencés par la Nouvelle Vague et très éloignés des grands films policiers et de genre qu’il signera à partir des années 1970.
En 1970 précisément, Friedkin n’est qu’un jeune réalisateur trentenaire, passionné de documentaires, qui n’a pas encore rencontré Howard Hawks (il fréquentait alors sa fille) lequel, au cours d’un dîner, lui aurait conseillé d’abandonner ses chichiteries d’auteur pour le film d’action, le seul cinéma américain qui vaille.
Les garçons de la bande est le deuxième film de William Friedkin, réalisé juste après L’anniversaire, adaptation d’une pièce éponyme de Harold Pinter. Tiré d’une pièce à succès de Broadway, Les garçons de la bande suit la soirée d’un petit groupe d’homosexuels new‑yorkais, plutôt installés et issus de la haute bourgeoisie, mais partageant une même difficulté à l’égard de leur vie privée et sociale, balancée entre petites humiliations et espoirs d’émancipation.
Revoir Les garçons de la bande en regard de la future filmographie de Friedkin permet de constater deux choses : la première est le goût du cinéaste pour le huis clos et les espaces confinés où s’expriment et éclatent la vérité des hommes (voir Bug et le récent Killer Joe, film largement carcéral). La seconde se nomme Cruising, film jumeau de ces Garçons et thriller poisseux situé dans le milieu homo SM du Bronx, que Friedkin tournera en 1980 avec Al Pacino. Voici donc une petite perle à redécouvrir.