Les félins
Ancien amant de l’épouse d’un gangster à New York, Marc (Alain Delon), gigolo patenté, tente d’échapper aux tueurs lancés à ses trousses dans le Sud de la France. Il trouve refuge dans un foyer pour nécessiteux puis devient le chauffeur privé d’une veuve fortunée, Barbara Hill (Lola Albright), accompagnée de sa cousine et dame de compagnie, Melinda (Jane Fonda dans son premier film européen).
Adaptation libre du roman de Day Keene, Joy House, Les félins marque une nouvelle collaboration entre René Clément et Alain Delon. En troquant son rôle d’imposteur (Tom Ripley dans le formidable Plein soleil) contre celui d’un opportuniste désinvolte, l’acteur perpétue des valeurs négatives qui n’auront de cesse de se retourner contre lui. Séducteur cynique et amoral, Marc croit régenter un tandem féminin plus manipulateur qu’il n'y paraît. La mécanique de l’arroseur arrosé brillamment enclenchée, le film bascule dans une dimension presque fantastique où notre héros passe de l’autre côté du miroir (sans tain) de la luxueuse villa méditerranéenne.
Derrière le traitement parodique des clichés du polar, Clément porte un regard pessimiste sur la condition de l’homme moderne, inexorablement pris au piège dans un monde empli de faux‑semblants.