Les derniers jours du monde
La fin du monde guette. Le monde entier s’y prépare. Mais ici, pas de plan de sauvetage de dernière minute comme dans Armageddon ou d’arche de Noé providentielle à la 2012. À Biarritz, Robinson (Mathieu Amalric) est tombé amoureux d’une femme androgyne au physique surnaturel (le top‑model Omahyra Mota), nymphe surgie de nulle part pour qui il a quitté sa femme (Karin Viard).
Cette promesse d’une vie de fantasmes deviendra tout au long du film son obsession. Éperdument amoureux de ce mirage, il partira sur les routes de France et de Navarre retrouver son amour. Durant ses pérégrinations, il croisera des personnages animés par le besoin d’être aimés et leurs désirs inassouvis. Catherine Frot, Karin Viard et Sergi Lopez en tendres compagnons d’infortune.
Que faire quand on n’a plus de futur ? En sales gosses, les frères Larrieu prônent l’insouciance contrôlée, font fi de la sagesse, comme pour mieux retrouver l’honnêteté qui manque au monde, englué dans le silence et le repli sur soi. Ici, le sexe et l’amour sont des catalyseurs libérateurs, qui peuvent parfois conduire à l’égoïsme, mais garantissent surtout une conduite honnête, avec soi‑même et ses proches. Vivre intensément, plutôt que suivre le mouvement.
Dans cette fable hédoniste un poil longuette, les frères cinéastes ne dressent pas pour autant un tableau idyllique de la passion, n’oubliant pas qu’Eros rime souvent avec Thanatos. Ainsi, la menace apocalyptique s’abat telle la foudre sur les hommes, épargnant Robinson, qui passe entre les gouttes. Il est une sorte de miraculé, pour qui le désir d’aimer (et l’amour du désir) reste le seul intérêt d’une vie sans lendemain. La preuve que les frères Larrieu aiment leurs personnages, surtout ceux qui n’hésitent pas à tout abandonner pour vivre leur liberté sans peur ni barrières.
Finalement, l’apocalypse n’est qu’un prétexte pour pousser les protagonistes dans leurs derniers retranchements et révéler au grand jour leur nature profonde. Car la fin du monde n’est qu’une métaphore de notre mort à tous, et seule la petite mort est son remède.