Les derniers affranchis
Al Pacino, Christopher Walker, les « derniers affranchis », voici un film qui fleure bon le vintage, les souvenirs de cinéphiles, le baroud d’honneur et le plaisir de voir réunis deux monstres sacrés du cinéma hollywoodien et du polar en particulier : Scarface, L’impasse et Le parrain pour le premier ; The King of New York, Nos funérailles ou True Romance pour le second, le pedigree mafieux de Pacino et de Walken n’est plus à démontrer. Mieux, dès qu’ils entrent dans le plan, difficile de ne pas revoir, même sous une forme fantomatique, Tony Montana ou le Mr White de New York.
C’est donc à Fisher Stevens, un second rôle du cinéma américain passé à la réalisation sur le tard, qu’est revenue la tâche d’orchestrer la rencontre entre ces deux acteurs : si l’histoire tient sur un papier à cigarette (après trente ans passés derrière les barreaux, Val retrouve son vieil ami Doc, mais avec le projet secret de l’éliminer), l’essentiel de l’intérêt de ces Derniers affranchis réside bien sûr dans le jeu, le cabotinage parfois, de Christopher Walken et d’Al Pacino, en vieux routards du crime, mais aussi dans ces séquences peu spectaculaires mais touchantes, où ils discutent d’un bon vieux temps qui, pour le cinéphile, fait office de madeleine de Proust. Un plaisir coupable ?