Les cowboys
1994. Une famille sans histoire se rend à un festival de country non loin de chez elle, lorsque Kelly (Iliana Zabeth), l’aînée de 16 ans, disparaît subitement. Son père (François Damiens, excellent) et Kid (Finnegan Oldfield), son petit frère, se mettent activement à sa recherche. Une quête étalée sur plus de dix ans…
Thomas Bidegain, scénariste régulier de Michel Audiard (Un prophète, De rouille et d’os), réalise une première fiction, dont la chronologie ‑entre 1994 et 2005‑ anticipe l’inexorable tragédie du 11 septembre et passe à l’ère désenchantée d’après.
Éprise d’un Musulman et convertie à l’Islam, Kelly coupe délibérément le cordon familial. De toute évidence, ni ses origines sociales ni d'éventuelles difficultés scolaires ne viennent justifier ce choix, le film s’abstient d'ailleurs de tout jugement. Il focalise en première partie sur le point de vue d’un père qui tente de sonder l’incompréhensible, puis le relais assuré d’un frère aimant embarqué dans une mission humanitaire aux environs du Pakistan. L’investigation progresse de manière elliptique, soumise à distance aux aléas de l’Histoire. C’est dans un café isolé de campagne que Kid découvre les images de l’effondrement des tours du WTC, à la fois spectateur impuissant d’un monde vacillant et héritier d’une quête intime devenue obsession.
Avec son titre évocateur et ses séquences de danse collectives portées par la culture country, Les cowboys évoque de loin l’Amérique face à un adversaire d’un nouveau genre, et de l’intérieur surtout, un père et son fils engagés dans une bataille acharnée et sans fin contre la cassure de l’équilibre familial. Leurs innombrables périples en Europe ou au Moyen‑Orient les ramènent toujours bredouilles à la maison, la chambre de l’absente laissée entrouverte restera vide, sa voie (ou son enrôlement, c’est selon) aura changé à jamais l’harmonie d’un foyer. Plombant mais à voir.