Les chiens
Fraîchement installé en banlieue parisienne, le docteur Henri Ferret (Victor Lanoux) reçoit des patients violemment mordus par des chiens de garde. Dans le quartier, leur nombre ne cesse d’augmenter depuis que les habitants se sont mis en tête de se protéger contre les agressions nocturnes.
Associée à la politique des villes nouvelles au début des années 80, Torcy (Marne‑la‑Vallée) sert à la fois de décor aux Chiens et d’excellent baromètre sur l’obsession sécuritaire d’une société pétrie d’a priori. Qu’il s’agisse des jeunes ou d’immigrés noirs installés dans un foyer, les banlieusards de la classe moyenne restent hermétiques à ce qu’ils ne comprennent pas, ou plutôt, refusent de comprendre.
Le danger du communautarisme s’illustre ainsi par le recours systématique aux canidés sous l’impulsion d’un dresseur charismatique, Morel, interprété par Gérard Depardieu. L’acteur, qui refuse d’abord le rôle, l’envisagera comme une thérapie suite à une agression. Son personnage ambigu et entièrement dévoué à son élevage (voir la troublante scène de la mise bas de Lilith, sa chienne adorée) tranche avec celui du médecin, spectateur‑témoin d’une violence prête à éclabousser le vernis social. Ancré dans un environnement urbain familier, le récit abrite une réalité décalée et sobrement monstrueuse.