Les ailes pourpres : le mystère des flamants
Lieu indescriptible, grandiose, hostile aussi, le lac Natron, situé au nord de la Tanzanie, est un immense réservoir d’eau salée. Un lac de feu, coloré par des algues en suspension qui lui donnent sa teinte rouge. C’est dans cet enfer chaud, acide et écarlate, que viennent se reproduire des milliers de flamants roses, dont la couleur du plumage provient des algues du lac que les oiseaux ingèrent.
Ce documentaire, estampillé DisneyNature (label spécialisé dans les documentaires animaliers, qui a notamment produit La marche de l’empereur) s’attache à suivre les flamants dans chacune des étapes de leur périple : saison des amours, reproduction, éclosion des œufs, premiers pas des oisillons, survie face aux prédateurs, envol des jeunes adultes… Ode à la nature, à sa beauté inouïe, ce film s’apparente à une succession de tableaux vivants à la composition toujours soignée. Cadrages majestueux, épurés, chacune des prises de vues est une prouesse à la fois technique et artistique. Émouvant, dramatique parfois (la séquence où les grands échassiers marabouts, véritables sorcières hantant les lieux, dévorent les nouveau‑nés), ces images ne font pas l’impasse sur la crudité de la nature, malgré la cible familiale du documentaire.
Le commentaire discret, qui laisse respirer les images, informe par petites touches sans se faire omniprésent, laissant place à la bande originale de The Cinematic Orchestra, à la fois lyrique et contemporaine. Révélant au monde ce manège mystérieux auquel peu d’hommes ont pu assister, ce document rare se heurte à un seul écueil : à la différence de La marche de l’empereur, qui suivait la migration comme un véritable périple initiatique, Les ailes pourpres repose moins sur un « scénario » que sur des instants de vie, entraînant de fait un assemblage d’instantanés de manière chronologique. Mais cela n’enlève en rien la majesté de cette nature, dont chacun des représentants nous rappelle que l’intelligence n’est pas l’apanage de l’Homme.