Les adieux à la reine
Château de Versailles, 1789. Sidonie Laborde (Léa Seydoux), lectrice attitrée de la reine Marie‑Antoinette (Diane Kruger), lui voue une admiration sans bornes. Quant à la reine, elle n’a d’yeux que pour son amie intime, la duchesse Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen). À Paris, le peuple indigné prépare la révolution, tandis que la liste des têtes à guillotiner commence à circuler du côté de la cour royale.
Adapté du roman éponyme de Chantal Thomas, Les adieux à la reine explore le microcosme des nobles peu avant sa chute et s’attarde surtout sur le dévouement aveugle d’une jeune lectrice à sa souveraine. Néanmoins, être du côté de la reine ne donne pas pour autant droit à la visibilité et à la reconnaissance régalienne. Séquence impressionnante tant elle semble s’étirer dans le temps de l’inconsistance : Sidonie, sollicitée par la reine, demeure figée dans son hors‑champ, bien qu’elles partagent le même espace. Comble de la transparence redondante lorsque la jeune lectrice ne doit révéler son identité quant à la confection d’une broderie destinée à la reine, et pire encore, lorsque cette dernière lui demande de se faire passer pour la Polignac à des fins de survie.
Les dernières heures de la monarchie ne s’éprouvent pas uniquement dans le tumulte et l’instabilité, elles convoquent les ultimes élans d’autorité des privilégiés sur les plus faibles. Le corps travesti et l’âme résignée de Sidonie se consument alors, sous l’effet abrasif de sa dévotion : « Je me nomme Sidonie Laborde. Je suis orpheline de père et de mère. J’étais la lectrice de la reine. J’obéis à la reine. Bientôt, je serai loin de Versailles. Bientôt, je ne serai plus personne ». Remarquable.