Légion, l'armée des anges
Dieu n’a plus foi en l’Homme et décide de détruire une fois pour toutes sa création en envoyant une nuée d’anges guerriers commandée par l’archange Gabriel. L’archange Michael, lui, croit toujours en l’humain. Il descend sur Terre, dans le désert de Mojave, pour aider un groupe de personnes au sein duquel se trouve une jeune femme enceinte, dont le bébé est censé être le sauveur de l’Humanité…
Vilipendé lors de sa sortie en salles par la presse française qui y voyait un film pop‑corn idiot traitant un sujet religieux à la légère, Legion vaut pourtant plus que ces quolibets réducteurs. Calqué sur la trame du Terminator de James Cameron, le long métrage raconte son histoire avec un sérieux papal, soigne son atmosphère en naviguant entre le film d’horreur pur (la grand‑mère et le marchand de glace, sacrément effrayants) et l’action pétaradante. L’unité de lieu et la caractérisation rappellent, dans une moindre mesure, les écrits de Stephen King, et la façon d’aborder le sujet le plus ample qui soit (l’Apocalypse, tout de même), dans un cadre géographique restreint, démontre une économie de moyens solidement maîtrisée de la part du réalisateur/scénariste Scott Stewart, dont c’est le premier film.
Le « débutant » (il a longtemps œuvré dans les effets spéciaux) s’est entouré d’un casting particulièrement solide, avec en tête un Paul Bettany qui, s’essayant pour la première fois à l’action, s’en donne à cœur joie à fracasser des crânes et mitrailler des anges monstrueux. Les seconds rôles comme Dennis Quaid ou Charles S. Dutton apportent la solidité de leur jeu, notamment le second, à l’origine d’une scène étonnamment émouvante.
L’aspect religieux, objet du délit pour certains, donc, permet d’élever les enjeux tout en assurant une bonne dose de joutes homériques, avec un affrontement final Gabriel/Michael qui oscille entre pugilat divin et… combat de catch ultra‑fun ! Cette approche, une fois encore, maximise le plaisir du spectateur et a le mérite d’éviter la bigoterie inhérente à nombres de productions hollywoodiennes s’attaquant à un sujet similaire. Le côté « gods & guns » fera forcément grincer des dents ceux qui voient en l’Amérique une nation de fous de Dieu et de fanas de la gâchette, mais dans le cadre de ce scénario précis, le mélange est détonnant, grâce à une mise en scène et une écriture efficaces. Un plaisir parfois coupable, certes, mais surtout, un plaisir tout court.